Obtenir une interview d'un Premier ministre n'est jamais une
chose facile.Pourtant, en Pologne, les choses peuvent être
différentes.Un grand merci à Monsieur Buzek qui
a bien voulu répondre très simplement à nos
questions.
Monsieur le Premier Ministre, la France
va prendre la présidence de l'Union Européenne au premier juillet.
Espérez-vous que la présidence française va accélérer le processus
d'adhésion afin de vous permettre de rentrer dans l'U.E en 2003
comme vous l'espérez ?
En effet, telles sont les attentes en Pologne. La précédente présidence
du Portugal nous a laissé sur notre faim. Le rythme des négociations
de la Pologne avec l'Union Européenne a faibli. Nous avons réussi
à clore uniquement deux volets. De la présidence française nous
attendons une accélération des négociations annoncées par Pierre
Moscovici, Ministre des affaires européennes, lors de sa visite
en Pologne au mois de mai. Nous espérons connaître rapidement
les détails de la nouvelle stratégie de négociations dont nous
a parlé Monsieur Moscovici. Je veux encore une fois souligner
que la Pologne sera prête à devenir membre à part entière de l'U.E.
à la date que nous nous sommes fixée : le 1 janvier 2003. Par
contre nous redoublons d'efforts pour que l'Union nous précise
une date fixant la fin de négociations. Cela nous permettrait
de rationaliser les actions d'adaptation liées à l'adhésion de
la Pologne. Nous espérons que sous la présidence française nous
puissions connaître les intentions de l'Union Européenne , concernant
la date d'adhésion de la Pologne.
Le volet agricole pose toujours dans
l'Union Européenne de nombreux problèmes. En France, certains
agriculteurs s'opposent à la mondialisation et prônent un retour
à une agriculture saine et traditionnelle excluant les organes
génétiquement modifiés. Qu'en pensez-vous ?
En Pologne, il est difficile de parler de mondialisation, dans
le contexte spécifique de l'agriculture polonaise. Nous avons
plus de 2 millions d'exploitations agricoles dont la moitié produisent
pour les besoins intérieurs du marché. Ce sont de petites exploitations,
leur surface favorise la production d'une nourriture naturelle.
En plus, il ressort d'après les analyses du Ministère de l'agriculture
, que la majorité des terres agricoles en Pologne sont des terres
propres, non polluées et idéales pour une production agricole
saine. C'est exactement cette direction que nous allons développer.
D'autre part, bien sûr, l'agriculture polonaise se modernise.
Dans le budget de cette année, nous avons augmenté de 50% les
dépenses pour le développement des campagnes. En outre, nous encourageons
la création de regroupement de producteurs afin que ceux-ci puissent
produire plus efficacement et moins cher par rapport à une exploitation
individuelle qui dispose de petites parcelles. Nous voulons aussi
modifier les structures de la campagne polonaise . Pour inciter
les propriétaires à regrouper leurs surfaces agraire, nous avons
introduit un système de retraite pour ceux qui vendent leurs terres
à leurs voisins. Tout cela ne signifie pas que nous avons l'intention
de passer d'une agriculture traditionnelle en une agriculture
de masse et de changer complètement le caractère d'exploitation
des campagnes. Nous sommes loin dans nos projets de la vision
d'une nourriture à base d' OGM. Personnellement j'espère que la
civilisation actuelle ne renoncera pas si facilement au goût naturel
du bifteck.
De nombreux Polonais issus de l'émigration
vivent dans des pays francophone. Bien intégrés dans leur pays
d'adoption ils ont toujours gardé une partie de leur cœur en Pologne.
Avez-vous un message à leur transmettre ?
Je suis toujours fier quand j'entends parler des succès de mes
compatriotes. Je suis content sincèrement et je les félicite personnellement.
Les deux nations , polonaise et française , ont beaucoup de sympathies
réciproques qui depuis des siècles se sont consolidées. Aujourd'hui
aussi nous coopérons ensemble dans plusieurs domaines. Il y a
une chance que dans l'Europe qui s'unit la Pologne et la France
vont être plus proches que jamais. Cette vision nous rapprochera
considérablement bientôt, grâce à la présidence française de l'Union
Européenne. Je voudrais saluer cordialement les Polonais francophones
par l'intermédiaire de Gazeta Beskid et exprimer l'espoir que
grâce à vous tous les liens entre nos pays vont se resserer.
Jerzy Buzek
Interview réalisée
par Stéphane Delrieu juin 2000
Traduction réalisée par Aleksandra Romanowska-Delrieu