Septembre
1939, les colonnes blindées allemandes envahissent la Pologne.
Après un mois de combat, l’armée polonaise est
défaite sur son sol .Pourtant beaucoup d’hommes, voire
d’unités parviennent à quitter le territoire,
et en vertu des accords militaires franco-polonais de 1939 et 1940,
se reforment en France .Le Général Sikorski prend
le commandement de cette Armée Polonaise qui se regroupe
dans la région de Coëtquidan .
On mobilise parmi la population immigrée en France, pour
parvenir à un effectif de quelques 80 000 hommes dont les
30 000 échappés de Pologne, constituent l’essentiel
de l’encadrement.
Quatre unités prennent ainsi corps en mai 1940,
la 1ère Brigade de Chasseurs
la 1ère Division des Grenadiers
la 1ère Division des Chasseurs
la 10ème Brigade blindée
Défilé du 1er Régiment
de la 1ère DGP devant le Général Sikorski
A Collombey les Belles (54)
Le 03/05/1940 |
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En
avril1940 la 1ère Division des Grenadiers forte de 16 000
hommes, commandée par le général Duch, se déploie
en Meurthe et Moselle dans l’Est de la France, en réserve
de la 4ème armée française . Le manque de temps
et de matériel, rendent très difficiles la mise sur
pied de guerre de la division. Certains soldats combattront avec
un équipement des plus réduits, et un armement datant
quelques fois de la 1ère guerre mondiale. Beaucoup ne portent
pas de plaque matricule, et leur uniforme est des plus sommaires,
ce qui dans les jours tragiques qui suivront , ne permettra pas
d’identifier certains malheureux tombés sur le champ
de bataille .
L’avenir montrera que malgré tous ces handicaps, la
détermination au combat des Grenadiers, ne sera jamais prise
en défaut.
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Soldat Polonais incorporé
en 1939 à Angers |
L’accélération
des événements militaires, portera les unités
polonaises sur la ligne Maginot à la veille de l’offensive
allemande .Le 14 juin quand celle-ci intervient , les Allemands
se heurtent à une très forte résistance de
la part des unités franco-polonaises . En de nombreux points
de la ligne ils sont même repoussés avec de très
lourdes pertes . Cependant la situation générale sur
le territoire conduit l’état major à ordonner
le repli des troupes vers le sud . La 1ère Division avec
d’autres unités françaises reçoit l’ordre
de mener un combat de retardement afin de permettre le repli général
. Les commandants d’unité tentent d’établir
des lignes de défense stables .Pourtant le manque de moyens,
et de coordination avec les unités françaises, la
désorganisation générale, ne permettent pas
à ces lignes de tenir plus de 24 h .Il faut sans cesse reculer,
et c’est à Lagarde sur le canal de la Marne au Rhin
que le combat sera le plus rude .Le 499ème régiment
d’infanterie allemand, qui fait face aux Polonais , connaît
de lourdes pertes entre Dieuze et Lagarde . La détermination
et les méthodes de combat de son adversaire, font naître
au sein de la troupe les rumeurs les plus folles : il y aurait parmi
eux, des ‘’ rouges de l’armée républicaine
espagnole ‘’, des civils prêts à tout .
Grenadier mort Le 18-06-1940
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On sait
depuis, que quelques vétérans des Brigades Internationales
figuraient parmi les Polonais, et on peut imaginer qu’ avec
tous les combattants de la campagne de Pologne , ces hommes en plus
d’être aguerris , devaient être animés
par un profond désir de vengeance .Les abords de Lagarde
connurent ainsi des charges à la baïonnette aux cris
de ‘’ pour Varsovie ‘’ . De tels comportements
rappelant ceux de la Grande Guerre surprirent l’ennemi et
furent certainement à l’origine de la réputation
des Grenadiers auprès de leur adversaire.

monument à la mémoire des Grenadiers
Polonais à Lagarde
Le 17 juin,
alors que le gouvernement français dépose sa demande
d’armistice, au milieu du sauve qui peut général,
des soldats polonais et français tombent toujours sous les
balles allemandes. Jusqu’au 21 juin, la Division exécute
les ordres de l’état major. Pourtant au matin de ce
jour, en diffusant l’ordre codé ‘’4444’’
le Général Duch se soustrait à l’autorité
française .Cet ordre stipule de ne pas se rendre à
l’ennemi et de poursuivre ailleurs et par tous les moyens
le combat. Les armes sont détruites, et tous ceux qui le
peuvent, tentent d’échapper à l’avancée
allemande. Plusieurs milliers passent en Suisse où à
travers la France occupée rejoignent l’Angleterre.
Fidèles à l’ordre ‘’4444 ‘’,
ils poursuivront le combat sur d’autres champs de bataille
jusqu'à l’anéantissement de l’armée
nazie. Du 14 au 21 juin entre la Ligne Maginot et les Vosges, prés
de 900 d’entre eux périrent, des milliers d’autres
prisonniers, attendront pendant cinq dans les camps allemands, la
fin de la guerre.
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La 7ème compagnie du 2ème
régiment de la 1ère DGP à Plélan
le Grand prés de Coëtquidan
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Cette unité
combattit à Dieuze les 16 et 17 juin .Le destin de certains
de ces hommes est représentatif de la composition de l’armée
polonaise en France .
Le soldat Waclaw Komar , vétéran des Brigades Internationales
, deviendra Général dans la Pologne d’après-guerre.
Le caporal Klemens Kryja , tué à Dieuze le 17 juin
1940 par l’obus qui blessa François Dekiert . Ce dernier
figurant aussi sur la photo, sera fait prisonnier et interné
en Allemagne jusqu’en 1945 .
Komar et Kryja venaient de Pologne . Dekiert quitta sa patrie à
6 ans, grandit dans le Nord de la France où il fut mobilisé
à 20 ans . A la fin de la guerre, il retournera vivre en
Pologne
François Dekiert
au côté de la tombe de Klemens Kryja
Cimetière de Dieuze juin 2001
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François Gueringer et Jean
Paul Gaillot
François Gueringer est l'auteur du seul
livre en français concernant la 1ère DGP. ( Le long
chemin )
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