Effacée
de la carte du monde sans pour autant cesser d'exister, la nation
polonaise continua, de la fin du XVIII au début du XIX
e siècle, à s'imposer à l'attention du monde par ses patriotes,
ses penseurs et ses artistes. Il fallut toutefois attendre la
victoire de Napoléon Ier sur la quatrième coalition (Angleterre
- Prusse - Russie) pour que de telles conceptions vissent une
amorce de réalisation.
Le traité franco-russe de Tilsit (1807) créait le grand-duché
de Varsovie, à partir des territoires polonais sous domination
prussienne, et le confiait à Frédéric-Auguste de Saxe,
prince déjà choisi par la Constitution du 3 mai 1791.
Réduit aux bassins de la Warta et de la moyenne Vistule et à une
lande entre le Niémen et la Prusse-Orientale, il était sans débouché
sur la mer.
Quelques timides réformes furent promulguées : égalité de la bourgeoisie
et de la noblesse devant la loi, abolition du servage, mais maintien
de la corvée, monopole de la propriété foncière aux nobles, adoption
du code napoléonien ; en fait, ces réformes se traduisirent par
une aggravation de la condition paysanne.
La vie de ce petit Etat, agrandi en 1809 de Lublin et de
Cracovie, était liée à l'issu de l'aventure napoléonienne.
La Pologne du Congrès
Au Congrès de Vienne, une fois de plus, on redistribua les terres
polonaises : la Prusse s'agrandit de la Posnanie et de Thorn ;
Cracovie fut érigée en petite république ; le reste du duché reçut
le nom de royaume de Pologne et fut uni à l'Empire russe par une
alliance personnelle. Pourtant l'acte final du Congrès de Vienne
reconnaissait la nationalité polonaise et promettait aux sujets
respectifs de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie une représentation
et des institutions nationales.
En fait, l'Autriche considéra les territoires de Galicie et de
Lodomérie comme un réservoir d'hommes et d'impôts. En revanche,
une dénationalisation systématique fut entreprise en Pologne prussienne,
qui se vit imposer le code prussien, la langue et la colonisation
allemandes.
Dès 1815, Alexandre Ier accorda au royaume de Pologne
une charte constitutionnelle garantissant un gouvernement, une
administration et une armée autonomes.
Mais, dès 1818, l'évolution réactionnaire du tsar ruina
tous les espoirs mis dans le royaume ; à partir de 1825,
la répression se fit très dure. Pourtant, le mouvement intellectuel
resta intense ; il eut pour centre la vieille université de Cracovie.
Mais le sentiment national était écartelé entre deux pôles : le
clergé, de tendance conservatrice, et les disciples des mouvements
révolutionnaires de 1791-1793. Aussi la révolution parisienne
de juillet 1830 suscita-t-elle une grande effervescence
dans l'armée, certains conjurés appelant à l'insurrection.
Les grandes puissances, y compris la France de Louis-Philippe,
abandonnèrent la Pologne à son isolement. Malgré la résistance
du gouvernement national, la révolution fut vaincue par la répression
russe et s'acheva le 7 septembre 1831 par la capitulation
de Varsovie .