Sur les grandes
étendues sylvestres comprises entre la Vistule et l'Oder se formèrent
lentement les tribus proprement polonaises : Vislanes centrés
sur la région de Cracovie mais, qui probablement s'étendirent
jusqu'au-délà des Carpates ; Maziviens fixés sur la moyenne Vistule
et limités au sud par le territoire des Silésiens. Enfin autour
du lac Golpo, relais important sur la célèbre route de l'Ambre,
s'édifia l'Etat des Polanes qui eut pour centres les vieilles
villes de Kruszwic, Gniezno et, plus tard, Poznan.
Selon la légende, la tribu des Polanes (habitants des champs)
imposa sa loi aux autres tribus sous la conduite d'un chef nommé
Piast, fondateur d'une dynastie qui régna jusqu'en 1370.
Mieszko I, premier souverain historique, rendit hommage
à Otton Ier en 966, épousa une princesse de Bohême
et passa avec son peuple au christianisme, se plaçant ainsi sous
la protection du pape, dont il obtint une administration ecclésiastique
autonome. Depuis, la Pologne est demeurée fidèle à Rome et à la
latinité. Dès le règne de Mieszko , les incursions russes s'ajoutant
à la pression allemande, donnèrent naissance à la double menace
qui devait peser sur la Pologne tout au long de son histoire.
Le fils de Mieszko, Boleslas le Vaillant, donna à son
royaume une place de choix en Europe ; il imposa sa loi aux Slaves
et reçut en souverain l'empereur Otton III venu accomplir
un pèlerinage à Gniezno sur la tombe de Saint Adalbert.
Il en profita pour faire reconnaître l'indépendance de la Pologne.
Il se distingua dans ses campagnes contre l'empereur Henri
II. La paix de Bautzen, en 1018, lui donna en fief
la Lusace et la Misnie. En 1024 le pape lui accorda, enfin,
la couronne royale, ce qui avait une importance capitale au moyen
Age. Ce bel essor fut brisé sous Mieszko II (1025-1034)
Il dut reconnaître la suzeraineté de l'Empire ; la Lusace et les
terrains entre Vistule et Bug furent perdus. Après la mort de
Mieszko II et quatre ans d'interrègne anarchique, son fifs,
Casimir, rentra en Pologne avec l'aide germanique. Il fut
battu par les Tchèques. Casimir , resté simplement duc de Pologne,
reconquit la Mazovie et la Poméranie et fit reconnaître ses droits
sur la Silésie par Henri III ; il transféra la capitale
à Cracovie et fit de la Pologne un duché centralisé.
Son fis, Boleslas II le Hardi, s'affirma ouvertement
l'allié du pape dans la querelle qui l'opposait à l'empereur.
En échange, le pape lui reconnut le droit à la couronne royale
, provoquant le courroux de l "empereur , qui aida les seigneurs
et le clergé à se soulever contre le nouveau roi .Celui-ci fit
assassiner le chef de l'insurrection, Stanislas, évêque
de Cracovie, qui deviendra le saint patron de la Pologne et le
symbole de l'unité du pays. Boleslas, attaqué de tous côtés, fut
contrait à l'exil. De très graves désordres féodaux marquèrent
le règne de Ladislas Herman, frère cadet de Boleslas II.
Son successeur, Boleslas III Bouche-Torse, annexa la Poméranie
et les territoires compris entre l'Elbe et l'Oder. Son testament
sera une source de troubles dynastiques. Il institua le " sénoriat
" en désignant son fils aîné comme souverain de la Petite Pologne,
avec Cracovie, les cadets se répartissant les duchés de Mazovie,
de Grande Pologne et de Petite Pologne orientale.
La Pologne se trouva divisée, au milieu du XIIIème siècle,
en deux douzaines de petits duchés. C'est l'Eglise qui, toujours
puissante, maintint l'idée de l'unité. Malgré la suppression du
sénoriat par l'assemblée des ducs et des évêques de Leczyca en
1180, la division demeurait. Dès 1226, Conrad
de Mazovie fit appel à l'ordre des chevaliers Teutoniques,
qui entreprit la germanisation des pays riverains de la Baltique
en direction du golfe de Riga et fonda la place forte de Torun.
En dépit des efforts de Boleslas le Pudique (1243-1279),
de Leszek le Noir (1279-1288), d'Henri IV (1290-1296),
les domaines des Piast ne purent être réunis. Avec l'appui du
clergé , Venceslas II de Bohême (1300-1305) s'empara du
trône de Pologne. Le chef de la résistance au parti bohémien sera
Ladilsas le Bref (1306-1333), qui rétablit la dynastie
des Piast et l'unité de l'Etat ; il fut couronné en 1320 à Cracovie.
La Silésie resta cependant à la Bohême et l'ordre Teutonique s'octroya
les duchés de Poméranie et de Cujavie.
Casimir le Grand Casimir III (1333-1370) mérita pleinement
son surnom de Grand : il fonda l'université de Cracovie en 1364,
se fit restituer la Cujavie par les Teutoniques en 1343,
imposa sa suzeraineté au duc de Mazovie et s'empara de la Galicie.
La consolidation de l'Etat se poursuivit avec Louis d'Anjou
, neveu et successeur par sa mère, de Ladislas le Bref. Déjà roi
de Hongrie , il réunit , de 1370 à 1382, les deux couronnes
catholiques en une alliance personnelle qui sera renouée par la
suite. Mais, pour recueillir l'appui de la noblesse polonaise,
il lui accorda, à la diète de Kosice, des privilèges politiques
importants, qui nuiront à l'instauration d'une monarchie absolue
; en revanche ; la succssion du trône de Pologne se trouvait garantie
en faveur de sa fille cadette Hedwige. La Hongrie étant
réservée à sa fille aînée. La jeune princesse fut contrainte d'épouser
Jagellon, grand-duc de Lituanie, prince païen dont le vaste
domaine, agrandi après la chute du royaume de Kiev, constituait
une marche orientale entre l'Occident et les terres russes soumises
à la Horde d'Or. Jagellon fut baptisé sous le nom de Ladislas,
marié et couronné à Cracovie, et l'union de la Pologne et de la
Lituanie avec Wilno proclamée en 1386.