Durant mon séjour dans les Tatras, je logeais à la ferme chez Monsieur et Madame Galica à Bukowina Tatrzanska (si vous désirez passer quelques jours dans les montagnes , je vous recommande cette pension à la ferme. Famille très sympathique et de plus le prix est plus qu'abordable).
Stéphane le rédac en chef de la Gazet m'avait demandé d'interroger un fermier Polonais sur l'entrée de la Pologne dans la communauté Européenne.
Ce brave homme qui s'est reconverti dans le tourisme agricole possède encore 5Ha de terre, 1 cheval, 3 vaches et un tracteur.(URSUS il en va de soit).

Je lui pose la question, la réponse suit immédiatement :
"pour nous les petits fermiers, l'entrée de la Pologne dans l'Europe ce n'est pas bon du tout, déjà que maintenant l'agriculture ne rapporte pas beaucoup faut pas demander plus tard, avec leurs cotas pour si , leurs cotas pour ça, les normes Européennes etc… "
" Que voulez-vous vivre avec ce qu'on nous donne(0,50 pln du litre), tu vois les deux cruches de lait devant la ferme eh bien quand ce sera l'Europe, terminé le ramassage, cela leur coûtera trop cher ,que va-t-on en faire du lait, tu vas me dire du fromage? déjà que maintenant il y a des rouspétances au sujet de la fabrication des oscipeks (fromage de chèvre fumé) parce-que soit disant que le matériel utilisé pour façonner (les moules en bois) les fromages n'est pas dans les normes.Pourtant on n'a jamais entendu parler de quelqu'un qui avait été malade après en avoir mangé.

Il change maintenant de sujet de conversation et en vient à parler du foin.
Tu as déjà certainement vu qu'il restait des meules de foin dans les champs.Oui je réponds et il est noir c'est du foin qui a pris plusieurs fois la pluie. Certains fermiers ne prennent même plus la peine d'aller le ramasser car cela prend trop de temps car une fois qu'il a été mouillé il faut le retourner afin que le dessous sèche aussi alors tu comprends
J'avais remarqué que tous les jours au matin Monsieur Galica ramenait dans son chariot de l'herbe fraîche et la faisait sécher à l'abri de la pluie dans son petit hangar.
" Du moment que j'en ai assez pour passer l'hiver, de toute façon avec trois vaches et un cheval il ne m'en faut pas des tonnes, allez salut car j'ai encore un peu de travail . "me dit-il.
Il coupa court à la conversation et rentra dans l'étable. Je n'eus plus l'occasion de parler avec, car le lendemain quand j'ai quitté Bukowina. Monsieur Galica était dans les champs. Ce n'est que partie remise car pour l'an prochain la pension est déjà réservée.
Combien de temps encore verrons-nous ces troupeaux composés de quelques vaches seulement, parfois une ou deux? J'ai remarqué qu'en Pologne pas un mètre carré d'herbe n'est perdu, il y a toujours une vache ou une chèvre qui paissent même dans des endroits inhabituels.
Combien de temps verrons-nous encore ces cruches devant les fermes, ces fermiers qui fauchent à la main? On croirait que le temps s'est arrêté voilà 50 ans et pourtant ce n'est pas le cas. En regardant travailler certains d 'entre eux, cela me rappelle mon enfance, il y a trente ans d'ici .Mon oncle qui possédait une exploitation agricole travaillait déjà avec les mêmes machines. Allez monsieur Galica bon vent et à l'an prochain.

Marc Toussaint