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Coupe du Monde 2002
L'équipe nationale de Pologne
football polonais

Analyse du match Corée du Sud - Pologne
 
" La Pologne d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier": telle était la phrase que ne cessait de répéter les commentateurs du monde entier, qu'ils soient Français, Marocains, Sud-Américains, Coréens (!) ou même Polonais, à l'issue de la rencontre Corée du Sud - Pologne. Un match qui se solda par une victoire ô combien méritée des Asiatiques, et donc par une défaite des Bialo-Czerwoni sur le score de 2/0, un score qui aurait pu être beaucoup plus lourd sans la bonne prestation du gardien Jerzy Dudek.

Ce 4 juin 2002 devait être une date doublement symbolique. Tout d'abord, cette date marque l'entrée en lice du pays co-organisateur du Mondial, la Corée du Sud. Ensuite, et pour la première fois depuis seize longues années, la Pologne allait disputer un match de Coupe du Monde. Pour l'occasion, ils sont des millions de téléspectateurs polonais à s'être libéré en ce début d'après-midi pour regarder cette rencontre. Sans compter les quelques 2000 supporters à avoir fait le voyage de Varsovie pour encourager la S-Kadra, dont le Président Aleksander Kwasniewski en personne. Tout le monde attend le début de la partie patiemment. Le président de la FIFA, Monsieur Sepp Blatter salue les deux équipes. Ensuite, on joue la Mazurka .Il est 13h30, heure française. Le coup d'envoi est donné! C'est les Polonais qui commencent. Engel a opté pour un 4-4-2 classique, laissant de côté le 3-5-2 testé face au Japon et à la Roumanie. Cinq, dix minutes passent. Les deux formations se neutralisent. La Pologne a même eu une occasion franche d'ouvrir la marque par Kozminski. Puis plus rien. Le chaos total. Une stérilité dans le jeu incroyable. Aucune suite dans les idées. Même pas un semblant de football. En un mot: PITOYABLE! Les Coréens poussés par leur public profitent de la faiblesse des Polonais pour ouvrir la marque à la 26ème minute sur une très belle reprise de Hwang Sun-Hong, laissé inexplicablement seul dans la surface de réparation. Un très beau but certes, mais qui ne fera qu'aggraver la situation pour les Bialo-Czerwoni. Ces derniers sont complètement dépassés dans tous les compartiments de jeu. Techniquement, les Coréens pratiquent un football agréable, alliant souplesse et rapidité. Tactiquement, il y a une mésentente entre les défenseurs polonais qui n'arrivent ni à marquer correctement leurs joueurs, ni à jouer le hors-jeu. Ce qui a d'ailleurs failli leur être fatal à plusieurs reprises durant la rencontre. Jacek Bak et Michal Zewlakow multiplient les imprécisions. Les sociétaires de Schalke 04, Tomasz Waldoch et Tomasz Hajto, se font souvent surprendre par la vitesse d'exécution des protégés de Guus Hiddink. Au milieu de terrain, l'absence de Bartosz Karwan se fait cruellement sentir. Aucun échange correcte de passes ni de débordement. Une pauvreté totale dans la créativité. Le remplaçant de Karwan, Jacek Krzynowek, fraîchement promu en Bundesliga avec son club du FC Nuremberg, ne tente pas une seule fois de se faufiler dans la défense adverse, à l'image de Marek Kozminski. Piotr Swierczewski est inexistant, ne se faisant remarquer que lors de tacles dangereux. Quant au "mister n°10", Radoslaw Kaluzny, du haut de son 1,96 mètre il se fait même battre dans les duels aériens par les Coréens, qui d'habitude sont plutôt handicapés par leur physique. En attaque, ni Olisadebe ni Zurawski n'arrivent à se créer la moindre occasion. La Pologne n'est pas dans le match. Les téléspectateurs du monde entier ne savent pas si il faut en rire ou en pleurer. Chacun se plait à se remémorer les époques bénies de Deyna ou de Boniek, afin d'oublier la prestation pittoresque des Polonais, qui ont présenté le plus mauvais football depuis le début du Mondial, Arabie Saoudite mis à part. Et pendant ce temps, Jerzy Dudek souffre. Car durant cette rencontre, si il y en a un qu'il faut féliciter, c'est bien lui. Il aura tout donné, tenté l'impossible pour calmer les ardeurs coréennes et pour motiver ses coéquipiers. La motivation, parlons en! Où est passé la légendaire combativité polonaise?
Quiconque qui a subi la souffrance de suivre la Pologne ce jour-là, a vu des joueurs fatigués, débordés de toutes parts et incapables ne serait-ce que de courir ballon au pied. Il est loin le temps des Eliminatoires où la Pologne faisait figure de révélation potentiel de la Coupe du Monde... Même Jerzy Engel semble avoir perdu le nord. Alors que chacun s'attendait à un changement radical dans le jeu de l'Equipe Nationale pendant la mi-temps, la seule modification dans son schéma tactique est le remplacement de Zurawski, qui céde la place à Pawel Kryszalowicz. Et ça continue; les Coréens s'amusent sur le terrain, et les Polonais se voient humilier aux yeux du monde. Un commentateur marocain aura même cette phrase mortelle "Mais qu'est-ce qu'ils font en Coupe du Monde? On dirait une équipe de Division 3!" Propos blessants, mais illustrant bien l'image de la S-Kadra face à la Corée du Sud. D'autant plus que les Asiatiques inscrivent un second but de toute beauté par Yoo Sang-Chul, qui n'a laissé aucune chance au pauvre Dudek, qui pourtant est bien le seul à se démener comme un diable pour limiter la casse, confirmant ainsi son statut de meilleur gardien d'Angleterre. Car il faut l'avouer, l'addition aurait pu être beaucoup plus lourde, si sa prestation n'avait pas été aussi bonne. Engel tente le tout pour le tout en faisant entrer Marcin Zewlakow et en jouant en 4-3-3 puis en 3-4-3, mais rien n'y fait. Le score en restera là. La Corée du Sud jubile pour sa première victoire en Coupe du Monde de l'histoire, alors que les Polonais rejoignent têtes basses les vestiaires...

La Pologne a sans aucun doute possible disputé son pire match depuis la prise de fonction de Jerzy Engel. Jamais en effet les Polonais n'ont été si mauvais, si faibles, si roublards, pour ne pas dire si " nuls " depuis son arrivée. Cette rencontre est à oublier au plus vite. Espérons qu'elle aura au moins servi aux joueurs à remettre leurs pieds sur terre, car il ne reste plus qu'une seul alternative à la Pologne: remporter ses deux matches face au Portugal et aux Etats-Unis. Si rien ne change dans son jeu, il est possible que contre la bande à Figo, le record malheureux établi par la défense saoudienne face aux Allemands soit battu. Et ça, c'est la pire chose qui pourrait nous arriver, d'autant plus que les Portugais, au vue de leur match face aux Américains, ont montré qu'ils ne sont pas eux non plus au top de leur forme... Allez, osons encore une fois: ORLY, JESTESMY Z WAMI! POLSKA BIALO CZERWONI!

Adam Zohry

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