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La mine Guido à Zabrze

La Silésie est le pays des mines, des industries lourdes, c'est la région du travail et des travailleurs. Le charbon a été pendant des décennies, les siècles, le moteur et symbôle de cette région, il l'est encore et le restera pour longtemps.
Il n'y a pas de famille en Silésie qui ne soit, de près le plus souvent, de loin parfois, liée à la mine, qui ne compte pas parmi ses membres un ou plusieurs mineurs.
Celà a été le cas de ma famille.
Mes frères, ma soeur, moi, cousins - cousines, nous sommes nés, nous avons été élevés, nous avons grandi, nous avons joué, nous nous sommes reposés sous les ailes protectrices de la mine nourricière, la mine fascinante, si proche de nous et pourtant si inaccessible.
Beaucoup de gens, de partout dans le monde, rêvent de visiter une vraie mine;
Jusqu'à présent, celà constituait une mission presque impossible.

Il y a bien la mine de sel de Wieliczka, un véritable joyaux, puis celle de Tarnowskie Gory, la mine d'argent, mais désormais, il est possible de visiter une vraie mine de charbon, dans des conditions semblables à celles dans laquelle y travaillaient jadis les gueules noires de Silésie.
Moi-même, fille et petite fille des mineurs de Silésie, je rêvais de descendre un jour au fond d'une mine, pour avoir une petite idée des conditions dans lesquels travaillaient les hommes de ma région, les hommes de ma famille, mon père, mon grand-père, mon frère...
Voilà ce qui est chose faite, puisque j'ai eu l'occasion de réaliser ce rêve le 11 août 2007, le jour où en compagnie de quelques membres de ma famille, nous avons visité la mine musée de Zabrze, en Haute Silésie, la mine Guido.

 

UN PEU D'HISTOIRE...

La mine GUIDO a été créée en 1855 par le Prince Guido Henckel von Donnersmarck, un grand propriétaire terrien et industriel.
L'exploitation du charbon y a continué jusqu'à l'épuisement des stock, dans les années 30 du 20ème siècle et c'est à ce moment que GUIDO change de vocation, servant de centre de pompage de l'eau au service de nombreuses mines avoisinnantes, et ce jusqu'à ce que les mines des environs commencent à exploiter de plus en plus en profondeur, ce qui a eu pour conséquence l'arrêt des activités après la Seconde Guerre Mondiale.
En 1967, sur le terrain de la mine GUIDO de Zabrze, se créée la Mine Expérimentale de Charbon M-300, où dfférentes machines minières seront testées avant leur mise en service dans des mines en activité.

En 1982, un Skansen (musée) Minier est créé sur le terrain de Guido, mais il fermera en 1996, c'était le premier musée de mine "vivant" sur le territoire national.

Finalement, grâce à un groupe de passionnés et au mécennat de la région, le 16 juin 2007 le musée de la mine GUIDO renait de ses cendres et ouvre les portes aux touristes, devenant ainsi une des plus grandes attractions touristiques de la région de la Haute Silésie.

Dans un premier temps, le niveau de - 170 mètres est ouvert au public, bientôt il sera possible de descendre à moins 320 mètres... sensations garanties !!!

 

...ET EN AVANT POUR LA VISITE

 

Tous ceux qui ont fait, dans leur vie, un passage par la Pologne, savent bien que quand on ne sait pas exactement où on va (l'adresse elle-même ne suffit pas), quand on n'a pas le GPS dernier cri, où quand on n'a pas le GPS naturel dans le cerveau (eh oui, j'en connais...), on trouve rarement du premier coup ce qu'on cherche.
Ce samedi 11 août 2007, nous sommes donc partis suffisamment tôt de la maison de mon frère, à Kamien, le quartier de Piekary Slaskie, nous avons ramassé les deux Irène au passage et avons pris la direction de Zabrze, nous avons réservé une visite de la mine Guido pour environ midi. Après avoir failli finir, avec la voiture et nous 5 dedans, sous un train à un passage à niveau (Dieu, quelle poussée d'adrenaline que j'ai eu ce jour là !!!) après au moins un demi tour effrayant en pleine circulation, nous avons fini par trouver l'endroit.

Dès le passage dans le parking, le ton est donné.

Une sorte de parc, bien vert et bien fleuri, a été aménagé, avec en guise de décor, des anciennes machines de toute sorte, ayant servi dans pas mal de mines dans la région...

Et puisque comme d'habitude, de peur d'arriver en retard, nous sommes bien en avance... nous prenons notre temps, à admirer l'environnement, les machines exposées dans le parc, la roue qui jadis soulevait la cage avec les mineurs descendant arracher l'or noir à la terre....
Et puis, je repère de loin une silhouette en uniforme de mineur... je le prends généreusement en photo... ce sera notre guide, c'est un ancien mineur, retraité, faire visiter la mine aux touristes, partager son savoir, c'est sa façon de prolonger son aventure, de perpétuer l'amour de la terre, du charbon... celui qui chauffe les foyers, celui qui chauffent les coeurs du peuple de la Silésie.
Et puis nous arrivons à la caisse, munis de nos tickets, nous nous rendons au magasin du matériel et on nous fournit la blouse, obligatoire, la lampe et le traditionnel détecteur du méthane. En principe, aucun risque de ce côté là.... mais descendre dans une mine n'est jamais anodin ; il vaut donc mieux prévenir que guérir....
C'est là que nous repérons que nous ne sommes pas seules, une équipe de télé locale nous accompagne, notamment pendant que nous enfilons nos uniformes.


Et puis notre guide explique à notre groupe les consignes de sécurité et nous nous dirigeons vers l'ascenseur.
Et c'est là que l'aventure commence... eh oui... quand je dis l'ascenseur, c'est un peu imagé... puisqu'il s'agit d'une cage grillagée, sombre et humide, à trois étages.... bien entendu, nous nous précipitons pour nous y engouffrer en premier, mal nous en a pris.... puisque premiers montés, nous sommes ceux qui y resteront le plus longtemps... l'accumulation de l'humidité est telle, que des gouttes nous tombent dessus de ce qu'on aurait appelé dans d'autres conditions le plafond.
La cage descend d'un cran, les autres montent dedans au dessus de nos têtes, elle descend d'un coup... et rebelotte... ma cousine, Irène, légèrement claustro... panique un peu, nous rigolons comme des malades, certains racontent ce qu'on pourrait dans d'autres conditions considérer comme des blagues sur toutes sortes d'accident survenus, ou inventés, pour ce genre de transport.
Pour certains, c'est l'ambiance bon enfant... pour d'autres, un moment de panique... moi je savoure cet instant unique.... dès qu'on éteint nos lampes de mineurs, on se retrouve dans une obscurité totale... serrés les uns contre les autres comme des sardines dans une boîte...

Les mouvements de l'ascenseur sont accompagnés par le bruit strident de la cloche du mécano, chargé de guider les commandes, selon le nombre de coups, on avance, on recule, on arrête...


Puis nous arrivons à 170 mètres sous la terre.... la différence se fait sentir aussitôt... l'air est différent... lourd, humide, avec un courant d'air un peu froid... ce sont les aérations qui pulsent de l'air frais au fond. Il fait froid, je pense, même si on ne sait plus trop si on a chaud ou froid, en tout cas, on transpire... au bout d'un moment, je sens les gouttelettes de sueur glisser sur mon dos.... pourtant, je n'ai pas chaud...
Notre groupe, avec l'équipe télé, suit le guide... qui nous montre, nous explique...
Un jeune garçon se trouve mal et doit être évacué à la surface... la visite durera une heure, nous traversons différentes salles, avec des expositions géologiques, une salle consacré au fondateur de la mine... l'exposition du matériel des mineurs, de toutes les époques, matériel de sauvetage des mineurs, de communication.
Et puis les étables, où à notre époque il n'y a plus de vrais chevaux, des manequins uniquement.... mais celà donne une idée du rôle que ce noble animal, ami de l'homme, jouait dans la mine, à l'époque où la mécanisation était quasi inexistante.

La visite durera une heure, suffisamment longtemps pour sentir l'oppression et le confinement de ces sous sols silésiens.

Moi, fille et petite fille des mineurs, je me suis sentie un peu plus à même de juger un peu la difficulté de ce travail, de ce métier qui usé tant d'hommes, qui a ravi tant de vies....

Nous nous dirigeons désormais vers la cage, cet ascenseur que les mineurs de ma famille appelait "szola" la grande tasse, en langue silésienne....
Cette fois-ci, riche de notre précédente expérience, nous laissons passer tout le monde, nous montons dans la "szola" en dernier.. comme ça, nous en sortons en premier... pas bête... nous regardons les têtes des autres, ravis de pouvoir enfin respirer l'air de la surface.
La visite n'en est pas terminée pour autant, nous allons encore visiter le bâtiment d'en face.... celui qui contient la grosse machine qui fait monter et descendre l'ascenseur....
La machinerie est bien entendu d'époque et nous admirons le mécanicien, le pilote, qui pousse la gentillesse jusqu'à nous confier les commandes de l'ascenseur... rassurez-vous... personne n'est mort ce jour-là.
Il ne nous restera plus qu'à retourner au vestiaire, rendre le précieux matériel, la lampe, le casque, saluer notre très agréable guide et promettre de revenir très bientôt, puisque la mine Guido doit très prochainement ouvrir un autre niveau aux touristes.
Probablement, dès cet été, nous pourrons descendre à moins 320 mètres, pour visiter, comprendre mieux encore la magie de la mine.... le travail des mineurs.
En attendant, je ne peux que vous incitez à aller visiter la mine Guido, un endroit unique et très rare, permettant de descendre dans le fond d'une vraie mine de charbon.

 

Et je vous invite à y faire d'ores et déjà une petite visite virtuelle
http://kopalniaguido.pl/

Et bien sûr dans l'album photos de Beskid

Sabine Skowronek Raffin
Sabine@beskid.com







 



 

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