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Dans un pays plusieurs fois rayé
de la carte, où le nom de Auschwitz n'est pas synonyme
de détail de l'histoire, l'arrivée de Haider et de sa troupe aux
affaires autrichiennes a de quoi inquiéter les Polonais. Pourtant,
ceux - ci comme leurs voisins Tchèques ou Slovaques ou la Hongrie
ne s'associent pas aux "sanctions" européennes. La raison officielle
est simple. Ils ne font pas partis de l'Union. La réalité, elle
est légèrement différente, et les Polonais comme tous les
pays candidats à l'Europe ont beaucoup de soucis à se faire.
Dès que la formation du gouvernement autrichien fut connue,
les réactions ne se sont pas faites attendre. Le premier
ministre Jerzy Buzek a exprimé une grande inquiétude
et a souligné que Haider n'est pas un partisan de l'élargissement
de l'Union.Le mot est laché ! Les Polonais se débattent
dans des négociations sans fin avec l'Union Européenne
qui ne veut rien lacher de ses avantages.La Pologne fait peur
avec ses 39 millions d'habitants.Le débat sur la libre
circulation des personnes est en cours.La libre circulation des
capitaux, oui, mais peu de pays européens ne souhaitent
voir arriver sur ses terres des travailleurs polonais.Jorg Haider
le clame haut et fort. Les autres le pensent tout bas.
Les Polonais savent que Haider n'est pas un personnage fréquentable.Ses
frasques, ses prises de positions pro-nazi ont de quoi inquiéter.Mais
Haider a été élu démocratiquement
et la démocratie en Pologne on connaît. Tadeusz Mazowiecki,
l'ancien premier ministre et actuel chef de la commission d'intégration
à l'UE ne s'y trompe pas quand il déclare: "
Il est évident que personne ne sympathise avec Haider et
son parti, mais il faut faire très attention à ne
pas humilier le peuple autrichien. "
La prudence est donc de mise, car l'Autriche dispose d'un droit
de veto et peut bloquer l'élargissement.Haider dit que
l'Autriche ne s'en servira pas. Mais Jorg ne cesse de répéter
que l'Autriche possède ce droit.Pendant sa campagne, il
avait déclaré: " Un ouvrier qualifié tchèque
gagne le tiers du salaire d'un Autrichien. Nous disons 'non' à
cet élargissement à l'Est. " Depuis il a modéré
ses propos en disant qu'il ne voulait pas bloquer l'élargissement,
seulement le retarder "d'une dizaine d'années".
La position des 14 autres pays de l'Union sera intéressante
à suivre.Dès que les gesticulations médiatiques
destinées à rassurer l'opinion publique seront terminées,
que feront-ils ? Vont-ils se servir de Haider et lui faire porter
le chapeau d'un échec de l'élargissement ou soutenir
fermement les pays canditats et accélérer les réformes
indispensables de l'UE afin que celles-ci puissent fonctionner
sans chantage d'un de ses membres ? Aujourd'hui la parole appartient
aux politiques. Mais demain sera un autre jour........
Stéphane Delrieu