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Helvétie, terre d'accueil
Fondation Archivum Helveto-Polonicum


Sous-titré "Espoirs et vie quotidienne des internés polonais en Suisse 1940-1946 en images", cet ouvrage paru en 2000 a l'occasion du 60e anniversaire de l'entrée en Suisse des soldats polonais de la 2DSP s'adresse a toute personne ayant été acteur de cette page d'histoire méconnue tant en France, en Pologne qu'en Suisse, ainsi qu'a toute personne ayant eu un pere, un grand-pere ou autre parent incorporé dans la vaillante 2e Division des chasseurs a pied.
Formée dans la région de Parthenay (Deux-Sevres) au printemps 1940, tout comme la 1ere Division de grenadiers placée sous le commandement du général Bronislaw Duch, la 2DSP obéissait au général Bronislaw Prugar-Ketling. La constituaient une majorité de Polonais vivant en France, ainsi que de nombreux jeunes Polonais dirigés vers ce pays apres avoir transité par la Roumanie ou la Hongrie. En mai 1940, envoyée au front apres une breve instruction militaire, la 2DSP fut incorporée au 45e Corps du général Marius Daille et engagée dans de violents combats le long du Doubs, a la frontiere suisse. Encerclés et piégés par les troupes allemandes, les 30.000 soldats français et 15.000 Polonais n'eurent hélas tres vite plus qu'une possibilité: demander asile et entrer en Suisse en franchissant le Doubs a la barbe des envahisseurs. C'est ainsi que, dans un premier temps, de tout petits villages suisses de la région des Franches Montagnes furent pratiquement submergés entre les 19 et 20 juin 1940; si les Français devaient etre rapatriés des 1941, la majorité des Polonais - quelques-uns réussirent a s'enfuir et a regagner les zones de combats - durent patienter en terre helvétique jusqu'a fin 1945. L'accueil de la population civile leur fut cependant favorable, ils souleverent meme souvent l'admiration, défilant "dans un ordre parfait, en tenue splendide", selon la presse locale de l'époque; celle-ci poursuivant: "On est frappé par la flamme de leur regard, leurs visages intelligents, fiers et d'une étonnante distinction (...) C'est la grande parade de la nation qui ne veut pas mourir. Nous nous découvrons..." Ne pouvant toutefois les laisser dans la nature pour une durée indéterminée, la Suisse du tres rapidement imaginer et organiser la vie de ces milliers d'hommes en uniformes, désarmés bien sur, heureux d'etre saufs, mais simultanément coupés dans leur élan patriotique et leur volonté d'en découdre avec l'ennemi, et qu'il fallait bien nourrir et loger. C'est ainsi que les camps d'internement se multiplierent sur l'ensemble du territoire suisse pour atteindre plusieurs centaines, les Polonais y étant soumis a un strict reglement de leur vie quotidienne. Pour les occuper, les autorités suisses leur trouverent toutes sortes de travaux d'utilité publique: constructions routieres, de canaux, de lignes téléphoniques, entretien des forets, extraction de minerai de fer, de tourbe, etc. Au total, les Polonais accomplirent en Suisse 8 millions de journées de travail jusqu'a la fermeture des camps d'internement.
Grâce aux tres nombreux documents photographiques rassemblés durant des années sous la direction de Jacek Sygnarski, historien-archiviste a Fribourg (Suisse) et créateur de la Fondation Archivum Helveto-Polonicum (www.fondationahp.ch), cet ouvrage remarquable, bilingue français allemand car édité en Suisse, se lit et se revit comme un film, le commentaire étant celui de l'interné lambda (imaginaire), qui raconte comment ont vécu loin de leur patrie, travaillé avec courage, étudié, prié, douté, espéré, ri, pleuré ou se sont amusés les dignes soldats et officiers de la 2DSP. Prémisse a la parution de ce livre de plus de 200 pages, au fil desquelles le lecteur retrouvera peut-etre l'un des siens, une manifestation commémorative eut lieu a Saignelégier (Suisse) en juin 2000. La ou tant de Polonais eurent droit, soixante ans plus tôt, a leur premiere soupe loin du fracas des armes. Une manifestation aussi simple qu'émouvante, réunissant quelques-uns des internés. Avec ou sans médailles, avec ou sans uniformes. Mais le coeur empli de souvenirs et la joie de s'etre engagés pour "votre liberté et la nôtre". La presse locale s'en est largement fait l'écho!


Sonia Graf Stawarz