Dans
les années soixante, lorsque l’équipe du Gornik
Zabrze part en tournée en Amérique du Sud les journalistes
péruviens et brésiliens enthousiastes écrivent : « Le
Pelé blanc arrive ». Le Pelé blanc c’est
Wlodzimierz Lubanski le fantastique avant centre du club des mineurs
de Silésie. Assurément l’un des meilleurs joueurs
polonais de tous les temps si ce n’est le meilleur.
Né en
février 1947, le jeune Wlodzimierz montre
très tôt d’étonnantes prédispositions
pour le jeu de football. Après avoir évolué dans
les équipes de jeunes de Gliwice (Sosnica puis GKS) il attire
très rapidement la convoitise des grands clubs polonais.
C’est finalement le Gornik Zabrze champion de Pologne en
titre qui engage le prodige. C’est donc dans une équipe
déjà performante que débarque, à quinze
ans, le jeune Lubanski. Loin de jouer les faire-valoir il fait
ses débuts en première division à seize ans
et remporte son premier titre de champion (8 matchs / 4 buts).
C’est le début d’une longue histoire pour le
jeune centre - avant qui dés la saison 63/64 devient l’indiscutable
titulaire du poste et ne le quitte plus disputant 234 matchs de
championnat avec le Gornik et inscrivant 155 buts. Il se forge
un palmarès impressionnant en remportant avec son club au
moins un trophée par saison (7 championnats de Pologne et
6 coupes) de 1963 à 1972. Au niveau des récompenses
personnelles l’attaquant du Gornik termine 4 fois de suite
meilleur buteur du championnat de Pologne (66,67, 68 et 69).
La renommée du Gornik Zabrze va rapidement franchir les
frontières du pays. Le club polonais commence à obtenir
des résultats intéressants dans les compétitions
européennes. Lors de la saison 67 / 68 le club des mineurs
s’incline en quart de finale de C1 face au futur vainqueur
Manchester United (0-2 ; 1-0). Le point d’orgue
est atteint lors de la saison 69/70 puisque l’équipe
de Zarbze devient le premier (et malheureusement le seul à ce
jour) club polonais à accéder à une finale
européenne. Après avoir éliminé successivement
l’Olympiakos, les Glasgow Rangers, le Levski Sofia et l’AS
Roma l’équipe de Lubanski affronte Manchester City
en finale. Un match au goût bizarre pour les Polonais. Alors
que le score est de 2 à 1 en faveur des Anglais Lubanski
trouve le chemin des filets et égalise. Malheureusement
au même moment l’éclairage du stade de Vienne
est coupé et l’arbitre n’accorde pas le but
polonais prétextant qu’il n’a rien vu. Le score
en reste là et Manchester est déclaré vainqueur.
Comme il le fait en championnat, Lubanski trouve régulièrement
le chemin des filets européens avec 30 buts en 43 matchs
pour le Gornik.
Le 4 avril 1963, Lubanski devient à 16 ans et demi le plus
jeune international polonais de tous les temps. Ce jour là face à la
Norvège la Pologne s’impose par 9 à 0 et le
jeune Wlodzimierz marque même son premier but sous le maillot
des Aigles. Comme en club Lubanski va rapidement s’imposer
comme un titulaire indiscutable avec l’équipe nationale.
L’avant centre polonais devient une tactique à lui
tout seul. Quand l’équipe est en difficulté il
suffit de trouver l’attaquant polonais qui, souvent, se charge
de débloquer la situation. Rapidement Lubanski devient le
capitaine de la Reprezentacja et c’est le brassard au bras
qu’il reçoit la médaille d’or lors des
Jeux Olympiques de 1972. Puis arrive cette tragique journée
du 6 juin 1973 où les Polonais reçoivent les Anglais
en match éliminatoire de Coupe du Monde. Les « bialo
czerwony » s’imposent sans coup férir par
2 à 0. Lubanski est à l’honneur en marquant
le second but polonais après s’être joué facilement
de Bobby Moore. Malheureusement quelques minutes après son
but il est victime d’un attentat de la part d’un défenseur
anglais. Lubanski ne se relève pas et quitte la pelouse
sur une civière. Le verdict est sans appel, le genou en
bouillie l’avant centre polonais ne reviendra pas sur le
terrain. Les Polonais ayant été chercher leur qualification à Wembley,
le génial Wlodzimierz va rater le rendez-vous dont tout
footballeur rêve : la Coupe du monde. Ce Welmeisterschaft
74 qui aurait du lui permettre d’obtenir une reconnaissance
internationale proportionnelle à son immense talent il va
le suivre sur son lit de souffrance. Les techniques opératoires
de l’époque n’étant pas aussi performantes
que de nos jours Lubanski ne retrouvera plus jamais l’intégralité de
ses capacités physiques. Il est même donné perdu
pour le football. Il ne porte de nouveau le maillot blanc frappé de
l’aigle qu’en octobre 1976 après trois années
d’absence en ayant loupé les Jeux Olympiques de 1976.
En 1978, Lubanski participe à la coupe du monde en Argentine.
Lors de ce mondial il ne jouera que cinq matchs pour un total famélique
de 198 minutes. Titulaire au début de la compétition
il est peu à peu supplanté par une nouvelle étoile
montante du football polonais Zbignew Boniek. Le 24 septembre 1980,
dix sept ans après son début en équipe nationale,
Lubanski honore sa 75ème et dernière sélection
face à la Tchécoslovaquie. En cette occasion Wlodzimierz
marque son 48ème but pour la sélection dont il est
toujours le meilleur buteur.
En 1970 Lubanski dispute un match de gala pour l’UNICEF
avec une sélection européenne. Son entente sur le
terrain avec Amancio est telle que ce dernier lui demande s’il
serait intéressé par un contrat au Réal Madrid.
Le jeune (23 ans) Lubanski répond bien sur par l’affirmative.
Ce transfert n’aura pourtant jamais lieu l’offre de
1 million de dollars formulée par le club madrilène
ayant été rejetée par la fédération
Polonaise. Ce n’est qu’en 1975 que Lubanski sera autorisé à quitter
la Pologne. Certes il n’a pas encore atteint l’âge
requis de 30 ans, mais les instances dirigeantes lui accordent
ce bon de sortie en raison de son état physique désastreux.
L’attaquant polonais rejoint donc les rangs de Lokeren où il
reste 7 saisons. A force de volonté il retrouve un niveau
plus conforme à son talent et dispute 196 matchs de championnat
de Belgique avec 82 buts à la clé. A 35 ans Lubanski
arrive en France. Il joue une saison avec l’US Valenciennes
(meilleur buteur du championnat de D2) et termine sa carrière
de joueur à Quimper en 1985. Une fois les crampons raccrochés
il s’essaie à la carrière d’entraîneur
mais s’aperçoit rapidement que ce métier n’est
pas fait pour lui. Il retourne s’installer en Belgique pour
devenir agent de joueur, métier qu’il exerce toujours
actuellement. Lors du jubilé de l’UEFA, chaque pays
doit choisir son meilleur joueur des 50 dernières années.
C’est bien entendu Wlodzimierz Lubanski qui est retenu pour
la Pologne. Une récompense amplement méritée
pour ce joueur peut être le plus doué du football
polonais mais également le plus malchanceux.
Wlodzimierz Leonard LUBANSKI
Né le 28 février 1947 à Sosnica
1m78 ; 76 kilos
avant centre
75 sélections - 48 buts
7 titres de champion de Pologne (63-64-65-66-67-71-72)
6 coupes de Pologne (65-68-69-70-71-72)
4 fois meilleur buteur du championnat de Pologne (66-67-68-69)
Médaille d’or des Jeux olympiques de 1972
Finaliste de la coupe des vainqueurs de coupe 1970
Lauréat du prix du fair play de l’UNESCO en 1978
Clubs :
Sosnica Gliwice 1957 - 1958
GKS gliwice 1959 - 1962
Gornik Zabrze 1963 - 1974
Lokeren 1974 - 1982
US Valenciennes 1982 - 1983
Quimper 1983 - 1985 |
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Pascal S.
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