|  La
              série "Marzi" est
              née de la rencontre d'une Polonaise venue étudier
              en France (Marzena Sowa) et d'un dessinateur de bande dessinée.
              (Sylvain Savoia) Il écoute ses souvenirs d'enfant, et trouve
              là des récits savoureux, piquants, d'une grande fraîcheur
              et empreints d'émotions. Marzi, c'est bien plus qu'un voyage,
              qu'une simple BD, c'est un véritable miroir qui reflète
              la réalité quotidienne de la Pologne des années
              80. A ce jour, deux albumes sont déjà parus aux éditions Dupuis,
              "Petite carpe" et "Sur la terre comme au ciel". Alors que le troisième
              album de la série "Marzi" va sortir prochainement, Marzena
              Sowa, la scénariste de cette première bande dessinée
              consacrée à la Pologne est venue en toute simplicité sur
              Beskid afin de répondre à nos questions. 
 
     Marzena
                Sowa, vous êtes l'auteur avec des
              dessins de Sylvain Savoia de la bande dessinée Marzi. Vous
              avez publié actuellement chez Dupuis deux albums, « Petite
              Carpe » et « Sur la Terre comme au Ciel »Pour ceux qui ne connaissent pas encore vos albums, pouvez-vous
            nous dire qui est Marzi ?
 « Marzi » est une petite fille qui vit dans
              les années 80 en Pologne. Elle a une enfance plus ou moins
              ordinaire. Je dis plus ou moins car sa vie est fortement marquée
              par l’Histoire de la Pologne, donc il ne s’agit pas
              toujours d’une enfance insouciante.« 
              Marzi », c’est moi. Je m’appelle Marzena
              et je raconte dans ces deux (le troisième est en route)
              albums mon enfance que j’ai vécue en Pologne. Donc,
              le récit dans « Marzi » est purement
              autobiographique.
    Des milliers de personnes si ce n'est pas plus, peuvent
                  se reconnaître
                dans le personnage de Marzi, les aventures paraissent trop vraies,
              elles sont toutes réelles ?
               Oui, tout ce qui est raconté dans « Marzi » est
                vrai. Tous les personnages présents existent vraiment,
                tous les endroits portent les mêmes noms et existent pour
                de vrai. C’était notre objectif, celui de Sylvain
                et le mien de raconter une histoire vraie, sans y ajouter d’éléments
                fictifs. Effectivement, de nombreuses personnes me disent que « Marzi »,
                c’est aussi leur enfance. C’est très émouvant
                pour moi (et pour elles aussi, au moins, je l’espère…)
            de pouvoir en discuter.
   Petite question en passant .....
                vous avez appris à nager
                ? Oui ! Mais j’appréhende toujours le moment où je
              n’ai plus pied quand je nage. Néanmoins, d’une
              année à l’autre, je m’améliore.
              J’aime beaucoup nager, alors je me mets au défi.                   Que ce soit en Pologne ou en France, nous avons tous eu
                les mêmes
                jeux lorsque nous étions enfants. Maintenant la société change
                dans les deux pays, les jeux aussi. Vous pensez que l'on est
                plus heureux en jouant aux sonnettes ou avec une Playstation
                ?
 Ceux qui jouaient aux sonnettes, ne connaissent pas la Playstation,
              mais ceux qui jouent à la Playstation peuvent toujours jouer
              aux sonnettes. Donc, ils ont certainement une supériorité sur
              les premiers, mais je pense qu’ils trouvent complètement
              dépassé de jouer aux sonnettes et ne le tenteront
              même pas… Et la question du bonheur dans tout ça ? Je pense que
              dans la notion du « jeu », il y a une part
              du bonheur, de la joie. C’est pour ça qu’on
              joue, non ? Pour s’amuser. Et peu importe de quel jeu
              il s’agit.
 Mais c’est vrai que jouer aux sonnettes, c’est plus
              physique et convivial, alors que la Playstation, c’est trop
              solitaire et isolant. Enfin, c’est juste mon avis…
    Les dessins de Sylvain sont simples mais c'est ce qui
                fait leur charme et surtout leur exactitude par rapport à une époque
                trouble. Marzi est représentée avec des grands
                yeux bleus. Regard d'une enfant sur un monde trop grand pour
                elle ? Oui et en plus un grand regard pour bien voir ce qui se passe
              autour, un regard plein de curiosité et aussi parce que,
              dans la réalité, j’ai de grands yeux…    Entre-nous, vous avez réellement les yeux bleus
            ? Oui, bien évidemment pas aussi bleus que ceux de Marzi
              et pas aussi grands, autrement je ferais plus peur qu’envie
              de me faire connaître…      Certains passages sont criants de vérités. Par exemple
              dans « Petite Carpe »: «  Le nouveau
              frigo est trois fois plus gros que l'ancien .... et cinq fois plus
              vide. C'est un appareil russe, mais il est quand même joli » Pensez-vous que ceux qui ne connaissent pas la Pologne et surtout
            son histoire puissent en saisir tout le sens ?
  Ce que j’écris est ensuite attentivement (je l’espère…)
              lu par Sylvain (en premier lieu) et ensuite par les personnes de
              chez Dupuis. Eux, ils ne connaissent pas la Pologne des années
              80, ils la découvrent au moment où je la leur montre.
              Après, on en discute ensemble et s’il y a des choses
              qui leur échappent, ils me demandent d’être
              plus explicite, de réécrire certains passages. Mais ça arrive très rarement. Donc, je leur fais
              confiance. S’ils comprennent tout, c’est-à-dire
            que le lectorat va suivre…
    Dans « Sur la Terre comme au Ciel » vous
              consacrez plusieurs pages à la catastrophe de Tchernobyl.
              Cet épisode de votre vie vous a vraiment marqué à ce
              point ou c'est juste un sujet parmi tant d'autres ? L’explosion de Tchernobyl a été un événement
              très marquant probablement pour tous les Polonais. Jusqu’à présent
              il est vivant dans nos mémoires. Avant d’écrire
              l’histoire sur cette explosion dans « Marzi »,
              j’ai appelé mes parents pour leur demander des renseignements,
              pour être sûre à 100% de ne rien omettre dans
              cet épisode. Et quand j’ai posé la question à ma
              mère, elle m’a immédiatement tout raconté dans
            les moindres détails comme si ça venait de se produire…    L'histoire se situe à Stalowa Wola. En quelques mots, pouvez-vous
              nous parler de votre ville, de votre région ?
 Stalowa Wola se situe en sud-est de la Pologne. C’est une
              ville industrielle qui existe grâce à l’usine
              où travaillent (plutôt travaillaient à cause
              des fléaux de licenciements) plus des deux tiers des habitants
              de ma ville (surtout des hommes) et énormément de
              personnes des alentours. Et littéralement « stalowa
              wola » signifie en français « la volonté d’acier »…                 Les personnages de bandes dessinées ne vieillissent
                pas souvent. Est ce que Marzi va grandir ? Bien sûr ! Marzi est un personnage de bande dessinée
              qui existe pour de vrai, c’est sa particularité, alors
              les lecteurs pourront la voir évoluer.Comme j’ai beaucoup de souvenirs de mon enfance, les premiers
              albums de « Marzi » se concentrent dessus.
              Ensuite, nous pensons faire un album où Marzi est déjà une
              adolescente et un autre où elle commence sa vie d’adulte :
              les études à Cracovie, le départ pour la France…
                 Le prochain Marzi, c'est pour quand ? Il est prévu pour le premier mercredi d’avril. Il
              s’intitule « Rezystor », un titre qui
              sonne très polonais…    Vous avez un certain talent pour l'écriture. Est-ce qu'un
              jour Marzena Sowa passera à autre chose ? Petite, j’ai toujours rêvé d’écrire.
              Mais plutôt des livres, des romans. C’est certainement
              parce que la bande dessinée n’était pas très
              répandue en Pologne et que je ne la connaissais pas. Alors
              maintenant, je la découvre et c’est tellement riche
              et varié que j’envisage de continuer là-dedans. Après, on verra !
   Question joker ? Quelle est la question que j'aurais dû vous
              poser ou que vous auriez aimé que je vous pose?  Vous avez posé de très bonnes questions, donc je
              n’ai rien à ajouter… Et celles que vous n’avez pas posées seront un bon
              prétexte pour une autre interview dans l’avenir….
 
 Le rendez-vous est donc pris, merci Marzena
                d'avoir pris le temps de nous répondre. ( Janvier
              2007 ) 
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