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L'Armée polonaise reconstituée à Londres

Le Gouvernement polonais en exil à Londres.

Le général W. Sikorski, à l'annonce de la demande d'armistice du 17 juin 1940 déposée par le maréchal Pétain, n'accepta pas l'idée de la défaite. Malgré ses liens étroits avec l'état-major français, il désobéit aux ordres de son supérieur, le général d'Armée Denain, responsable de la Mission franco-polonaise, qui lui enjoignait de replier ses unités sur Libourne. Il passa l'ordre aux troupes polonaises présentes sur l'hexagone, de tenter de passer en Angleterre pour continuer le combat.
Le général Sikorski gagna Londres le 18 juin 1940 avec son gouvernement, accompagné de M Raczkiewicz, président de la République polonaise. M Raczkiewicz fut accueilli par le Roi Georges VI le 19 juin 1940.
Pour la Pologne, la légitimité nationale survivait ainsi une deuxième fois à l'étranger, en moins d'un an...
Sous l'égide de l'Angleterre, une nouvelle armée polonaise se reconstitua aussitôt sur le sol britannique: elle totalisera 225.000 hommes sous les armes en 1945. Ces forces polonaises se répartissaient en forces Aériennes, Navales et Terrestres. Deux corps d'armée constituaient les forces terrestres; le 1er Corps formé en Ecosse, et le 2ème Corps constitué à partir de 1941 de soldats polonais libérés des camps de la Russie soviétique. Parallèlement à ces forces sous uniforme, le gouvernement polonais de Londres organisait et armait dans le même temps, d'importants réseaux de résistance à l'Ouest et en Pologne.

Le Gouvernement polonais et la France libre. (22)

Après l'appel du 18 juin 1940 à la B.B.C du général de Gaulle, de nombreuses lettres d'encouragement furent adressées au Chef de la France libre par des Polonais se trouvant également exilés en Angleterre. On retrouve ces témoignages dans les archives du ministère des Affaires étrangères et de celles de la France Libre ainsi que les réponses du Général.
Le 25 juin 1940, dans son discours prononcé à la radio britannique au peuple polonais, le général Sikorski mentionnait déjà: ''Malgré les malheurs qui se sont abattus sur la France, je continue de croire à la nation française. Je suis profondément convaincu que la tragédie qu'elle subit sera à l'origine de sa renaissance qui peut être proche. Cela a toujours été comme ça dans le passé et sera ainsi dans l'avenir''.
Le 14 juillet 1940, le général de Gaulle adressa au général Sikorski une lettre le remerciant pour l'aide apportée par les soldats polonais aux soldats français lors de leur traversée commune vers Londres sur les navires britanniques, et eut à coeur '' de réaffirmer les liens qui unissent les combattants de nos deux nations''.
Le 25 juillet 1940 le général Sikorski répondait '' Je suis heureux d'apprendre que les soldats polonais ont pu rendre service à leurs camarades français au cours de l'évacuation'' et mentionnait '' que les liens d'amitié dont vous parlez dans votre lettre ne pourront jamais être rompus ni mêmes affaiblis, malgré les malheurs qui ont frappé nos deux Patries''.
Les rapports entre la France libre et le gouvernement polonais en exil existaient dès leur installation à Londres. Le général de Gaulle parlant dans ses Mémoires de guerre des Polonais et des Tchèques a écrit ''A leurs yeux, nous, qui restions fidèles à la tradition de la France, représentions par là même, une espérance et un pôle d'attraction. En particulier, Sikorski et Benès... établirent avec moi des rapports constants et suivis''.
De nombreuses initiatives pour resserrer la collaboration entre le gouvernement polonais à Londres et la France libre se mirent très rapidement en place. A partir du 12 juin 1941 des Comités franco-polonais furent crées, dont un Comité de coordination, un des conférences et d'un Comité technique de la presse.
Le 24 septembre 1941, le général de Gaulle créa le Comité National Français, véritable embryon de gouvernement. Le jour même, le gouvernement polonais en exil le reconnut officiellement par une lettre de son ministre des Affaires étrangères Raczynski qui déclarait ''Le gouvernement polonais reconnaît le général de Gaulle comme chef de tous les Français libres qui se rallient à lui pour continuer la lutte aux côtés des Alliés'', et de continuer ''Je tiens en même temps à vous exprimer la profonde conviction du gouvernement polonais, fidèle aux traditions d'amitié séculaire qui ont toujours uni la Pologne et la France, que la solidarité polono-française contribuera, dans une haute mesure, à la victoire finale de la liberté et de la justice''.
Le 27 octobre 1941, un protocole fut signé entre le Comité National Français et le gouvernement polonais en exil à Londres. L'esprit de ce protocole reposait ''sur le fait de la solidarité qui unit les deux parties dans la lutte contre l'ennemi commun et était fidèle aux traditions d'alliance et d'amitié séculaire entre la France et la Pologne''. Les points de ce protocole méritent d 'être ainsi résumés:
- il insiste sur l'assistance et la collaboration du gouvernement polonais dans la défense de la cause alliée dans les territoires français d'outre-mer qui se placent sous l'autorité du général de Gaulle.
- il réactive la règle à se conformer dans les activités des deux signataires aux principes et à l'esprit de l'alliance franco-polonaise en vigueur au 24 septembre 1941.
- il stipule de s'assurer réciproquement aide et appui, conformément à l'interprétation de la Charte de l'Atlantique du 24/09/1941.
- il affirme la volonté du C.N.F. de restituer au Gouvernement polonais, l'or polonais bloqué par le Gouvernement français de Vichy.

L'Aviation polonaise dans la Bataille d'Angleterre.

L'Aviation polonaise reconstituée en France comprenait 7.990 hommes récupérés de Hongrie et de Roumanie. La constitution d'unités combattantes aériennes fut décidée par l'accord franco-polonais du 4 janvier 1940. De cette force rassemblée à Lyon, des pilotes polonais ainsi que leur support logistique furent envoyés à Montpellier pour y compléter leur instruction sur du matériel français. Un groupe de chasse polonais appelé '''Varsovie'', fut bientôt opérationnel et actif au combat jusqu'à la demande d'armistice. Ce groupe de chasse contribua à la destruction de 56 avions ennemis dans le ciel de France, entre le 10 mai et le 18 juin 1940.
Dès la demande d'armistice, la grande majorité des pilotes et des personnels (6.000 hommes) refusèrent la défaite, et gagnèrent l 'Angleterre par l'Espagne et Gibraltar.
L'état-major britannique était, au début de la Bataille d'Angleterre, très réservé quant à l'utilisation des pilotes polonais, ceci essentiellement pour des problèmes de communication. La grande majorité de ceux-ci ne parlait pas anglais, alors que cela était vital lors d'un combat aérien. En conséquence, on pensait qu'ils ne pouvaient pas être intégrés dans des équipes britanniques.
Mais confronté bientôt au risque de pénurie en pilotes pour la bataille aérienne en cours, l'état-major procéda progressivement au remplacement des pilotes britanniques tués au combat, par des pilotes polonais dans les unités de chasse 145 et 501. Devant les ''bons'' résultats obtenus... l'état major britannique constitua en août 1940 six unités de combat polonaises: 4 escadrilles de bombardement et 2 escadrilles de chasse (la 302 "Poznan'' et la 303 "Kosciusko'') qui furent lancées dans la Bataille d'Angleterre. Six autres unités furent constituées en fin 1940. En 1943, les forces aériennes polonaises en Angleterre se composaient de 14 unités aériennes de combat, dont 10 de chasse.
En août 1940, le potentiel des pilotes polonais était de 300 sur un ensemble de 2.928. 144 polonais (5%) furent lancés dans la Bataille d'Angleterre et totalisèrent lors de cette bataille 201 victoires sur 1733 avions ennemis abattus (soit 12%). 29 pilotes polonais furent malheureusement tués ou blessés. En termes d'efficience ceci procure un des meilleurs ratio constatés (victoires sur pertes)... L'escadrille ''Kosciusko'' totalisa à elle seule 135 victoires...
Une escadrille polonaise, spécialisée dans les vols de nuit, procéda au ravitaillement des réseaux de la Résistance sur le continent, et réalisa sur toute la durée du conflit 2.747 opérations, dont 440 au dessus la Pologne.
Sur la durée totale de la guerre, les unités aériennes polonaises d'Angleterre détruisirent 1.120 avions (chiffres tenant compte des campagnes de Pologne et de France). (22)

La Marine polonaise.

Après l'anéantissement de la Pologne le 28 septembre 1939, une partie de sa flotte de guerre, grâce à des ruses inimaginables, réussit à s'échapper de la Baltique et rejoignit l'Angleterre. 4 destroyers, 6 sous marins et 1 poseur de mines, accompagnés de quelques unités de la marine marchande se mirent ainsi à l'abri dans les ports britanniques.
Cette flotte de guerre apporta sa contribution, à l'échelle de ses moyens, à la lutte des Alliés, en participant aux opérations d'anéantissement du ''Bismark'', au raid sur Dieppe, du convoyage de bâtiments et aux batailles de l'Atlantique et de la Méditerranée, ainsi qu'aux opérations du Débarquement du 6 juin 1944.
Au fur et à mesure du déroulement du conflit, la flotte polonaise s'enrichit de nouveaux bâtiments pour totaliser en 1944, 2 croiseurs, 8 destroyers, 3 escorteurs, 8 sous-marins, 1 poseur de mines, 6 dragueurs de mines et 2 chasseurs de sous marins. 54 navires marchands faisaient également partie de son potentiel de transport. La marine polonaise paya un lourd tribut au combat en perdant 9 bâtiments (2 destroyers, 1 escorteur, 2 sous-marins, 1 poseur de mines et 3 dragueurs de mines.

La campagne de la Brigade du Levant.

La première unité terrestre du 2ème Corps d'Armée fut la Brigade des Carpates sous les ordres du général S. Kopanski. A l'origine, cette unité avait été constituée à Beyrouth en avril 1940 par l'armée française, à partir de combattants polonais évacués de Roumanie. Les soldats de cette brigade suivirent les directives du général Sikorski et n'acceptèrent pas l'ordre du 23 juin 1940 du général Weygand de déposer les armes, suite des accords d'armistice. De rudes discussions s'en suivirent entre le général Kopanski et l'état-major français de Beyrouth, à l'issue desquelles il fut convenu de laisser partir la brigade polonaise, en armes, vers la Palestine britannique, pour se placer sous commandement anglais et continuer ainsi la lutte pour la liberté. La brigade rendit les honneurs militaires et passa en armes en Palestine.
Dans le cadre de la 8ème Armée britannique, cette unité prit une part active dans la défense de Tobrouk assiégée par les Allemands entre août et décembre 1941. Elle tint avec succès son objectif qui était de défendre le secteur Ouest du dispositif de défense. Après que le siège eut été levé par les Allemands, la brigade polonaise brisa les positions allemandes à El Ghazala, contribuant ainsi à la reprise de l'offensive de la 8ème Armée britannique contre l'armée de Rommel. La brigade intégra ensuite le 2ème Corps du général W. Anders, et participa à la formation des nouvelles recrues polonaises qui arrivaient de Russie soviétique.


Le 1er Corps d'armée et la Division blindée du général Maczek.

Le 1er Corps d'armée fut organisé et entraîné progressivement en Ecosse à partir de juillet 1940. Ces effectifs provenaient des soldats rescapés échappés de France et de Pologne, de volontaires polonais venus d'Amérique, et de forces regroupés au Moyen Orient par le général Anders. Son objectif était de défendre les côtes écossaises dans l'éventualité d'une invasion allemande déclenchée à partir de la Norvège. En 1944, l'ordre de bataille des Forces polonaises de l'Ouest était la 1re Division blindée, la 4ème Division d'infanterie, la 1re Brigade parachutiste et la 16ème Brigade blindée; soit 50.000 hommes.
Le 4 août 1944, la 1re Division blindée du général S. Maczek, intégrée dans la 1ere Armée canadienne, débarque en Normandie dans le secteur de Juno Beach pour participer à la Campagne de France. Cette grande unité était forte de 16.000 hommes, 480 chars, 473 canons et 4.000 véhicules.
Le 8, la division traverse Caen et se trouve arrêtée sur la Dives, subissant des pertes sérieuses. Le 15 août, appuyés par de puissantes attaques aériennes, les dragons de la division prennent Jort sur la Dives, élargissent la percée, faisant s'écrouler la défense ennemie, et conquièrent Morteaux-Couliboeuf. La bataille fait rage autour de Falaise. Très en pointe, la division fonce sur Chambois où le commandant Zgorzelski réalise la jonction avec des éléments de la 2eme D.B. française venue d'Alençon. Une terrible bataille de trois jours débute car les Allemands de la 7eme Armée s'acharnent à faire sauter le verrou du couloir dans lequel ils s'entassent. Ce verrou baptisé ''Maczuga'' (La massue), est tenue par la division du général Maczek. Des combats acharnés se livrent à la cote 262 où les Polonais sont comme assiégés par les assauts se succédant de tous les côtés. Héroïques, ils écrasent pourtant les assaillants, défont un corps d'armée dont ils capturent le général.
Les 20 et 21, des unités blindées de S.S. les attaquent à outrance; les Polonais se battent avec l'énergie du désespoir et sont sauvés par l'assistance des Canadiens de la 4ème D.B. amenant la victoire finale. Dans cette rude bataille, la 1re D.B polonaise a perdu 2.500 hommes tués ou blessés. Elle a fait 5.700 prisonniers, détruit 70 chars et 600 véhicules.
Ensuite la division entame sa poursuite vers Criqueboeuf et traverse la Seine le 31 août sur un pont jeté par ses sapeurs du Génie. Le 3 septembre la division libère Abbeville et puis Saint Omer, le 5, après un fort engagement. En neuf jours, au prix de 494 morts, l'unité a parcouru 400 km, capturant encore 5.000 soldats allemands. Elles reçoit les semaines suivantes des renforts issus de 10.000 volontaires polonais des bassins miniers du Nord de la France.
La division poursuivra son épopée victorieuse en Belgique, participant à la libération de Gand. Elle progresse jusqu'en Hollande en libérant Breda, et récupère durant l'hiver en tenant la rivière Maas. Elle obtient en 1945 la reddition de Wilhelmshaven sur la frontière allemande. (17)


La 1er Brigade Parachutiste.

En septembre 1944, la 1re Brigade parachutiste polonaise fut à son tour engagée dans le combat. Cette brigade avait été formée en 1941 sous les ordres du général S. Sosabowski, dans le but de soutenir les coups de main des réseaux de résistance sur le Continent et en Pologne. Du 18 au 26 septembre la brigade prit part aux actions aéroportées sur Arnhem-Driel en Hollande en permettant la couverture du retrait d'unités britanniques sur le Rhin. Les pertes humaines de cette brigade parachutiste furent élevées car pour être plus mobile dans l'action, elle dut sauter sans ses lourds équipements antichars.


Le 2eme Corps d'armée du général Anders. (3) (7) (22)

Le 22 juin 1941, l'Allemagne envahit la Russie et mit fin au pacte germano-soviétique, ce qui amena la Russie soviétique à changer brutalement de politique à l'égard de la Pologne et de son gouvernement réfugié à Londres. J.Staline se tourna vers W.Sikorski pour former un front commun contre l'Allemagne en lui proposant une alliance... Des relations diplomatiques s'établirent entre le gouvernement polonais et l'ambassadeur soviétique à Londres, aboutissant le 30 juillet 1941 à la signature d'un traité polono-soviétique, dont les points essentiels sont ainsi résumés:
-annulation des dispositions du pacte germano-soviétique du 23 août 1939.
-reconstitution d'un Etat Polonais ethniquement homogène (ce qui implicitement hypothéquait le tracé des frontières polonaises de l'Est d'avant 1939).
-aide mutuelle prévoyant la constitution d'une armée polonaise en Russie soviétique placée sous la direction de l'armée rouge en cas d'engagement.
-libération de tous les Polonais détenus en Russie soviétique comme prisonniers ou déportés dans les camps de l'Arctique ou de Sibérie.
Le commandement de cette armée fut confié au général W. Anders, tiré de sa prison de Moscou pour la circonstance, et qui avait échappé aux massacres de 1940. Le recrutement de cette armée s'est fait parmi le million et demi de Polonais déportés et internés dans les camps soviétiques après l'invasion de la Pologne par la Russie soviétique, le 17 septembre 1939.
Aucune autre armée dans le monde n'a, probablement, été formée dans des conditions semblables à celles dans lesquelles les Polonais organisèrent la leur. Des foules de Polonais affamés, dépenaillés, des chiffons autour des pieds en guise de chaussures, et atteints de maladies (notamment typhus), arrivèrent progressivement des goulags d'Asie centrale et de ceux de l'Arctique, dans 3 centres de rassemblement situés très loin des lieux de détention: Bousoulouk, Totskoe au sud de l'Oural, et Tatichtchevo près de Moscou. Les soldats arrivaient souvent accompagnés de membres de leur famille. A Bousoulouk, ils furent logés sous des tentes en nombre insuffisant, et au mois de novembre de l'année 1941 il faisait déjà moins 40° C. A cela s'ajoutait un manque chronique de nourriture...
En mars 1942, un accord permit l'évacuation d'un premier contingent de 40.000 soldats accompagnés de nombreux civils avec femmes et enfants, vers un camp de l'Ouzbekistan d'où ils purent passer en Iran - alors sous contrôle britannique - et continuèrent, avec l'assistance anglaise, leur chemin à travers le Moyen Orient jusqu'en Palestine britannique... 115.000 Polonais s'engagèrent ainsi volontairement dans un combat pour la liberté de leur pays après un impressionnant périple de plusieurs milliers de kilomètres... L'entraînement militaire des jeunes gens et jeunes filles en âge de porter les armes commença dès leur arrivée en Palestine. Parmi ces échappés, un millier de Juifs polonais qui furent ainsi recueillis dans cette armée, choisirent de rester sur place (dont le caporal Menahem Begin, futur premier Ministre), avec l'idée d'oeuvrer à la mise sur pied de l'état d'Israël.
Avec ces rescapés, le général Anders réussit à organiser et à entraîner une armée opérationnelle de 50.000 combattants, composée de la 3ème Division des Carpates (intégration de la brigade du général Kopanski), de la 5ème Division d'infanterie, d'une Brigade de chars et d'un Groupe d'artillerie. Ce 2ème Corps d'Armée se plaça sous le commandement de la 8ème Armée britannique du général Montgomery. Le 2ème Corps d'Armée arriva en Italie en décembre 1943 et occupa des positions défensives pour protéger la progression de la 8ème armée qui vint buter sur le verrou de Monte Cassino. Pendant deux mois on s'obstina à prendre le piton rocheux de ce monastère bénédictin. Après des vagues d'assauts infructueux d'Américains, de Français, de Néo-Zélandais et d'Hindous, c'est aux Polonais que revint l'honneur de planter leur drapeau sur les ruines de l'abbaye, après des combats qui durèrent du 11au 18 mai 1944 et qui se terminèrent au corps à corps...
Les effectifs du 2ème Corps s'enflaient constamment de prisonniers polonais de la Wehrmacht incorporés de force par les Allemands. En juin, après la bataille d'Ancône, le 2ème Corps prenait possession de ce port important. A partir de janvier 1945, il se prépara à la bataille pour la prise de Bologne. L'offensive débuta le 9 avril par la prise d'Imola et ensuite de Bologne le 21 du même mois.

Les Offices polonais en Zone Libre. (24) (25)

Les trois consulats polonais de la zone Sud (Lyon, Marseille et Toulouse), fonctionnèrent jusqu'en septembre 1940. Après les accords d'armistice entre l'Allemagne et la France, il ne pouvait plus y avoir de relations diplomatiques entre Vichy et le gouvernement polonais de Londres, ces consulats furent donc fermés. Néanmoins, pour tenir compte des besoins administratifs nécessaires aux Polonais présents en zone libre, et continuer à s'occuper de la grande masse des réfugiés polonais en situation précaire, ces consulats furent réaménagés et maintenus sous l'appellation "d'Offices polonais". Un diplomate du nom de S.Zabiello fut chargé de leur coordination, et de la mission difficile de gérer les intérêts de l'Etat polonais auprès du gouvernement de Vichy. Situation d'autant plus difficile que ces Offices polonais étaient déchus de leur statut diplomatique...
Dépendants du gouvernement polonais de Londres, et par nature favorable aux Alliés, ces Offices polonais furent les seules entités organisées et légales présentes dans l'Europe sous domination allemande. Situation incroyable qui dura en l'état, jusqu'à l'invasion de la zone Sud par l'armée allemande.... L'équipe de S.Zabiello fut une source précieuse de renseignements pour les Alliés, sur ce qui se passait dans la France de Vichy. Les informations recueillies transitaient vers Londres par la valise diplomatique de la Légation des USA. S.Zabiello recevait de Londres les fonds nécessaires pour les actions caritatives de la Croix rouge polonaise (PCK), et pour le fonctionnement des Offices.
En août 1942, S.Zabiello informa officiellement Londres sur le plan de déportation des Juifs de France et sur la mise en place imminente des rafles. Suite à ces informations, le gouvernement polonais de Londres tenta sans succès, d'infléchir la politique de Vichy concernant ces déportations, mais put intervenir auprès des gouvernements des pays neutres pour qu'ils accueillent des Juifs polonais. Entre-temps, les employés des Offices polonais oeuvraient de leur coté pour soustraire des camps d'internement pour civils, des Juifs polonais, en réussissant à leur faire passer la frontière suisse ou espagnole en direction du Portugal. Plusieurs centaines de Juifs polonais purent ainsi être sauvés.
Après l'invasion de la zone Sud, S.Zabiello fut arrêté par la gestapo, pour travail actif auprès des Alliés, et envoyé au camp de Bergen-Belsen, dont il fut libéré en 1945 par les Britanniques.

 

Jean Medrala





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