Originaire de Jelesna, au sud de la Pologne, Karol arriva en France en 1928. A cette époque la situation économique était catastrophique en Pologne. Jeune marié Karol n'avait qu'une obsession: za chlebem gagner son pain. La France avait besoin de main œuvre et les adresses circulaient sous le manteau. Le bouche à oreille, le système D polonais.Et c'est ainsi que Karol se retrouva un beau jour à Darcy ( Saône et Loire ) pour travailler dans la mine.
Il habita pour commencer dans des baraquements réservées aux mineurs. Les mines de Darcy 1 et 2 avaient une particularité.Avec une hauteur de 50 m, c'était les plus haut chevalements construit dans le bassin. La vie de Karol comme celle de tous les mineurs était dure.L'intégration n'était pas facile. C'était un Polak, terme péjoratif qui désignait les Polonais.Mais il n'y avait pas le choix. Il fallait vivre ou plutôt survivre. Sa femme Maria vient le rejoindre un peu plus tard.La mine réglait la vie de tous les jours.Puis vinrent les enfants. La famille s'installa alors à Gautherets dans un petit pavillon.Karol faisait tous les jours le trajet pour aller à Darcy. Pendant ce temps Maria s'occupait des 3 enfants.Gautherets était un petit coin de Pologne en France. Ecole bilingue, magasins polonais, églises, associations, tout était fait pour que les Polonais se sentent chez eux. Mais ils étaient en France et le pays manquait ! Un été Maria part en Pologne pour passer les vacances avec les enfants.Karol lui, reste pour travailler.Maria revient en France le 31 Août 1939. Le lendemain l'Allemagne envahie la Pologne. La communauté polonaise est sous le choc. Difficile d'avoir des nouvelles du pays, de la famille. Les mines doivent tourner, la France a besoin d'énergie.Puis la fin de la guerre arriva. La Pologne était dévastée, ravagée.Le parti communiste polonais envoya des émissaires partout en France. Il fallait reconstruire le pays et faire revenir les "étrangers". La décision était cruelle à prendre. Karol succomba aux chants des sirènes.Il fallait rentrer au pays.Le consulat de Lyon s'occupa des papiers et en 1947 la famille prit le train pour revenir en Pologne. Le voyage dura une semaine. Les familles étaient entassées dans des wagons à bestiaux, avec de la paille à même le sol. A la frontière polonaise, à Miedzylesie, le premier secrétaire du parti Boleslaw Bierut les a accueilli en héros de la nation.Puis la frontière s'est refermée sans possibilité de retour. Les familles ont été dirigées dans différentes villes. Karol et sa famille se sont instalés à Zabrze, en Silésie. Ils avaient quitté un petit pavillon en France pour se retrouver dans des baraques sans eau ni électricité !
Plus tard la famille a déménagé et est retourné dans son village.Toutes les semaines Karol partait travailler dans la région de Katowice. Ses aller- retour n'ont pas duré longtemps.Comme beaucoup de mineurs la silicose a frappé. Karol est décédé le 2 février 1976 de cette terrible maladie.

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