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Andrzej
Wajda a reçu des main de Jane Fonda un Oscar récompensant
l'ensemble de son oeuvre le 26 mars 2000 à Los Angeles.
Wajda a eu déjà l'occasion de présenter deux
films pour les Oscars. "La terre de la Grande promesse",
"Panny z Wilka" et "L'homme de fer". Ce dernier
récompensé à Cannes n'a pas eu la chance
d'être présenté aux Oscars. Pendant l'état
de siège les communistes ont rétiré ce film
du concours.
L'idée de récompenser Wajda - 73 ans est venue de
Janusz Kaminski, opérateur polonais à Hollywood,
appuyé par Steven Spielberg dont Wajda avait fait la connaissance
pendant le tournage de la "Liste de Shindler" . La lettre
de Spielberg a été signée par 70 artistes.La
précieuse statuette a rejoint la palme d'or, gagnée
à Canne en 1981, au musée Jagelonne de l'université
de Cracovie.
Wajda et la Pologne
Andrzej Wajda le plus connu des
cinéastes polonais a toujours représenté
la culture de son pays dans le monde. Dans ses films il parle
avec la Pologne, il parle avec les Polonais. Pendant des années
il est passé par- dessus les têtes des censeurs,
apportant à son public l'amour de la liberté, lui
rappelant la dignité et le courage.
Aujourd'hui il y a de moins en moins d'artistes qui provoquent
l'inquiétude, posent des questions essentielles, par contre
il y a des petits artisans qui jouent avec le technologie afin
de mieux vendre leur marchandise. Wajda a débuté
à l'époque où le film était considéré
comme un art avec un grand A. Le film avait une autre dimension.
Un jour il a dit " quand j'ai commencé comme réalisateur
je croyais que le cinéma pourrait être plus qu'un
plaisir, la distraction même de l'art. Je croyais qu'il
changerait le monde, changerait la mentalité humaine".
Le nom de Wajda on peut le trouver dans n'importe quelle encyclopédie
du monde. Pour en arriver là il ne fut pas obligé
de passer par Hollywood, comme d'ailleurs Fellini, Bergman ou
Kurosowa. C'était la génération des grands
maîtres du cinéma. Ils étaient bien enracinés
dans leurs cultures d'où ils puisaient leurs forces. Ils
cherchaient dans leurs jardins, les traditions spirituelles de
leurs propres nations. D'ailleurs même le cinéma
de Wajda a grandi dans la tradition polonaise. L'artiste cherchait
ses héros impliqués dans l'histoire au bord de la
Vistule. Il cherchait des vérités dans les méandres
de la liberté, presque dans chaque film il cherchait l'identité
polonaise.
C'est en Pologne qu'il se sent le mieux. De ses racines il parle
simplement: la maison d'un officier, l'école patriotique
et l'Eglise. A un journaliste qui lui posait des questions sur
son enfance ou sur la guerre, il a répondu : " L'enfance,
cela n'existe pas pour moi. J'ai toujours voulu être adulte.
Et la guerre? Le père est parti se battre, il n'est pas
revenu. Tout s'est écroulé. Jai vu ce monde s'écrouler,
ce monde de mes parents.Un monde nouveau a emergé. Après
ces expériences l'histoire en rien ne pouvait me surprendre."
Cette expérience Wajda l'a partagé avec toute sa
génération. Dans les années 50-60 grâce
aux films de Muniek et Kawalerowicz est née "l'école
polonaise". C'était la voix de la génération
qui a vécu la guerre qui voulait régler les comptes
avec le passé et aussi le présent, les changements
qui interviennent dans le pays.
Wajda n'a jamais fui de sujets difficiles.Il racontait à
l'écran tout le drame de l'histoire moderne de la Pologne.
Il n'a pas deguisé les acteurs, il n'a pas cherché
des métaphores.
Dans les années communistes un cinéaste devait avoir
soit une carte du parti soit vraiement un grand talent. Wajda
n'était ni au parti ni dans les réseaux d'influence.
C'est pour cela qu'il jouait constamment avec le pouvoir de qui
dépendait les autorisations pour la réalisation
des films. Les censeurs regardaient avec une loupe chaque mètre
du film qour qu'il ne nuise pas aux principes du réalisme
socialiste. Il a bien profité des moments de "dégel"
et a tourné "Cendres et Diamant", "l'homme
de marbre".
Depuis une dizaine d'années, au seuil du XXI siècle
la fonction du cinéma et de l'artiste changent. Il y a
de plus en plus de films hollywoodiens. Le cinéma aujourd'hui
est une distraction. Il a dit: " Il n'est pas facile d'accepter
cette idée, mais je comprends que cela ne peut pas être
autrement.Je suis content d'avoir vécu la vie comme je
l'ai voulu."
Aujourd'hui nous avons besoin d'une identité. Le monde
de l'Ouest nous attaque. A l'époque communiste nous n'étions
pas tentés. Les Russes ont une culture énorme, mais
ils n'ont pas crée une civilisation pour nous la proposer
. S'ils en avaient eu une, cela faisait longtemps que nous serions
russophones et avalés par cette empire. Maintenant c'est
différent. La civilisation qui arrive plaît aux jeunes
le style de vie, l'art, la musique; les films. Il adresse un message
aux jeunes réalisateurs." Si vous travaillez en Pologne,
tournez des films que les productions d' Hollywood ne tourneront
pas à votre place". Cela fait réfléchir...