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Cap à l'Est
Premier jour : mercredi 20.05.98
08:30 heures. Enfin le grand jour est arrivé. Nous arrivons à
l'aéro-club, de Maubeuge, mon coéquipier, son épouse et la mienne.
Je suis plus que jamais décidé à faire cette navigation vers la
Pologne. J'espère qu'elle m'apportera le plus que j'attends d'elle.
L'expérience me dira que j'avais raison d'espérer ! Pendant que
Robert prend la dernière météo, je check le Cessna 172 (F-GBJQ)
toute la liste y passe, j'aurais même tendance à en rajouter de
peur de ne pas pouvoir y arriver. Et voilà, 09:00 heures, après
un dernier calcul de centrage, nous décollons. La météo est parfaite,
visi plus qu'il n'en faut, très léger vent dans le dos, tout est
parfait et tourne rond. Cap sur Gosselies (Belgique) qui sera
notre premier point de report. Non, non, rassurez-vous, je ne
vais pas tous vous les énumérer. (Pour ceux que cela pourrait
éventuellement intéresser, j'ai gardé les Log de Nav) Nous entrons
en Allemagne en nous faisant tirer par le VOR de Cologne, jusque
là tout me paraît facile. Mais, car il y a un mais, les contrôleurs
de Cologne nous dévient par le S/E afin d'éviter les zones à grand
trafic. Ils nous donneront toutefois les caps à suivre pour effectuer
le détour et reprendre notre itinéraire initial. Escale à ERFURT
pour nous sustenter, mais aussi pour ravitailler le F-GBJQ qui
commence à avoir soif. L'accueil de la part des Allemands est
cordial, les installations sont modernes, tout est neuf et date
certainement d'après la chute du mur. Seul petit hic mais de taille,
les taxes d'atterrissage et le prix du litre d'essence sont relativement
élevés. Après un rapide déjeuner (snitzel, pomme de terre, salade
et asperges) nous reprenons notre route, direction la Pologne.
Ici, UWAGA (attention) comme ils disent, les routes sont imposées
mais pourvues néanmoins de VOR ou d'ADF nous permettant de les
suivre sans trop de difficultés. Ces routes survolent uniquement
des campagnes et permettent ainsi aux contrôleurs de mieux…nous
contrôler. Il s'agit probablement d'une réminiscence de l'ancien
régime ou tout était contrôlé et surveillé. Enfin, KRAKOW airport,
ici aussi tout est pratiquement neuf et moderne. Pour un aéroport
international, le trafic est quasi nul, du moins lors de notre
escale. Bon, il n'y a pas qu'en Allemagne que les landing fees
coûtent chers, ici aussi. Quant à l'essence, elle est au même
prix que chez nous. Après les diverses formalités d'usage, nous
mettons le cap sur notre destination finale, NOWY TARG, petit
aérodrome situé à quelques NM de la frontière tchèque. Est-ce
la fatigue ou le relâchement dû à l'arrivée, toujours est-il que
je me trompe dans la lecture du Log Nav et je vire au dernier
cap sans être passé par le VOR qui nous guidait. Evidemment, ce
qui devait arriver arriva, je me suis perdu. Après une lecture
attentive de la carte, nous prenons un nouveau cap pour rejoindre
le VOR de Jablonka. Nous arriverons à destination avec un petit
quart d'heure de retard. Il faut être attentif de la première
à la dernière minute en navigation, et suivre scrupuleusement
les indications et les données du Log Nav. C'est avec soulagement
que je pose le Cessna sur une piste en herbe, que nous avons dû
deviner, car sans indications au sol. Elle était marquée, mais
avec des moutons ce qui fait qu'elle changeait tout le temps de
configuration. Jeudi 21 et vendredi 22.05.98 Nowy Targ, étant
un petit village encastré dans les Tatras et les Beskides, ces
deux jours sont mis à profit pour faire un peu de tourisme, tout
en se tracassant, car le temps se dégrade d'heure en heure à partir
du vendredi midi. Il ne nous reste plus qu'a espérer… Samedi 23.05.98
C'est normalement aujourd'hui que nous devrions remettre le cap
sur la France. Hélas, la météo est exécrable, plafond bas, pluie
en rafale ou viennent se mêler des averses de neige, visibilité
presque nulle. Le directeur de l'aéro-club nous déconseille fortement
(pour ne pas nous interdire carrément) de décoller. La météo prise
successivement à Wroclaw et à Warzsawa nous laisse l'espoir d'un
petit mieux pour le dimanche 24.05.98. Partant du principe qu'il
vaut mieux ramener l'avion entier avec un jour de retard, plutôt
que de ne pas le ramener du tout, c'est avec le désespoir au cœur
que je contacte l'aéro-club pour leur dire de suspendre les rendez-vous
du dimanche. Les phénomènes météo étant totalement indépendants
de notre volonté, je n'aurais rien pu faire d'autre que d'attendre
une accalmie. Dimanche 24.05.98 Dès potron-minet, je scrute le
ciel. Enfin il est dégagé et la pluie a cessé. Nous allons pouvoir
partir. Après un solide petit déjeuner, notre hôte nous conduit
à Nowy Targ. Ciel dégagé, mais piste noyée. La pluie qui a tombé
le vendredi après midi et le samedi toute la journée l'a complètement
détrempée. Pour des raisons évidentes de sécurité, nous décidons
de ne décoller qu'à deux, Robert et moi. Les femmes feront le
trajet par la route pour rejoindre Krakow distant de 80 Km environ.
De toute manière, elles auront largement le temps de faire le
déplacement, car nous devons encore faire le plein, prendre la
météo, rédiger le plan de vol, et satisfaire aux autres tracasseries
administratives (je parle des taxes…) Vers 11:00 heures c'est
le grand départ, l'aéroport est toujours aussi vide, bien que
les télétextes annoncent différents départs et arrivées. Comme
nous avons un vent de face, relativement léger, mais forcissant
par moments nous prévoyons deux escales pour le retour. La première
se fera à Dresden et la seconde à Erfurt. Même constatations qu'à
l'aller, personnel efficace, souriant, mais toujours les taxes
et essence aussi chères… Après un vol sans histoire, sauf quelques
petites contrariétés au niveau météo lors du survol des Ardennes
belges, nous pouvons annoncer à Lille Info que le F-GBJQ a le
terrain de Maubeuge en vue et qu'il clôture son plan de vol. Ce
fut réellement un voyage très agréable. Les contrôleurs polonais
parlent anglais, mais sans l'accent, ce qui en facilite grandement
la compréhension. Pour le reste, rien à dire tout était parfait.
Jean marie VAN HOORNE