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Solidarnosc Aout 1980

Il y a plus de trente ans, le 31 août 1980, le syndicat «Solidarnosc » est né. Toute tentative de définir ce phénomène nous montre qu’il échappe aux classifications traditionnelles. Car «Solidarnosc » fut en même temps: une révolution, un grand mouvement social, une insurrection nationale et aussi - tout simplement - un syndicat. Mais un syndicat unique dans l’histoire du monde qui, au moment culminant, compta plus de 9,5 millions de membres, issus de toutes les couches et de tous les groupes sociaux, donc 1 /3 des 38 millions de la population de notre pays (sans compter les enfants et les personnes âgées).
« Solidarnosc » fut un mouvement pacifiste qui renonçait par principe au recours à la violence dans la solution des conflits collectifs. Il menait son activité à l’échelle de tout le pays et de toute la nation faisant appel aux principes de solidarité sociale et aux valeurs morales dans la vie publique. Etant lui-même la négation des règles du régime communiste – il porta atteinte aux fondements du communisme en Pologne, et par la suite dans l’ensemble du bloc soviétique.

En 1980 le système Gierek avait vécu. Le pays se plongea dans un chaos économique. Les hausses de prix camouflées, l’inflation de plus en plus grande, amenèrent au début de 1980 à un manque sur le marché de presque tous les produits. La tension sociale croissait de mois en mois. La hausse des prix de viande, le 1 juillet 1980, dans les cantines et dans les buffets des entreprises, fut l’étincelle qui enflamma un tonneau de poudre.
La plus importante fut la grève générale de juillet à Lublin qui embrassa 150 entreprises avec 50 mille personnes, le transport en commun, les chemins de fer. Le gouvernement commença à négocier et signa le 11 juillet un accord avec les comités de grève appelés «d’arrêt » (pour ne pas utiliser le mot qui sonnait dangereusement grève). En plus des concessions de nature sociale, il garantit aux grévistes la sécurité et s’engagea à procéder aux nouvelles élections aux conseils d’entreprise. Pour la première fois dans l’histoire d’après-guerre, un accord fut signé entre le pouvoir et les ouvriers en grève.
Les autorités s’efforçaient de maîtriser la situation dans l’immédiat en renonçant à l’introduction de nouveaux prix et en promettant des hausses minimes. Telles étaient aussi, au début «locales », les ambitions de la grève à Gdansk bien que les concessions politiques faites à Lublin donnassent de l’espoir pour de nouvelles actions dans la lutte oppositionnelle.

La grève a débuté le 14 août au petit matin selon le plan de Bogdan Borusewicz, membre du KOR et du syndicat Wybrzeze.Seulement quatre autres personne étaient au courant: Jerzy Borowczak, Bogdan Felski, Ludwik Pradzynski et un jeune électricien qui avait été licencié en 1976 pour des raisons politiques, Lech Walesa.
10 000 tracts avaient été imprimés pour défendre une ouvrière qui venait d'être licencié: Anna Walentynowicz.
A l'aube la distribution des tracts commence dans les trois villes de la Baltique, Gdansk, Gdynia, Sopot.
Les premières revendications sont affichées par des membres de l'opposition RMP.A part le retour au travail de Anna Walentynowicz, il était demandé des augmentations de salaires et la commémoration des victimes des grèves de décembre 70.
Le directeur des chantiers essaye de convaincre les ouvriers de retourner au travail. Soudain Walesa apparait et interpelle le directeur: " Vous vous souvenez de moi ? J'ai travaillé 10 ans au chantier et aujourd'hui je me considère comme faisant toujours parti de la maison.Je vous annonce que nous occupons l'usine. " A ce moment Lech Walesa prend la tête du comité de grève.
L'infirmière des chantiers Alina Pienkowska prévient Jacek Kuron à Varsovie pour lui annoncer la grève. Kuron lui, transmet en occident.
Les discutions entre le comité de grève et la direction des chantiers commencent rapidement. Le nombre des revendications augmente. On entend parler de syndicat libre.Un représentant du pouvoir est demandé.
Pendant ce temps les membres du comité central du parti communiste ( PZPR ) se réunissent. Ils décident d'envoyer à Gdansk les forces spéciales de mettre l'armée en état d'alerte et de convaincre le premier secrétaire Edward Gierek d'interrompre ses vacances.

Les grèves s'étendent aux autres chantiers navals, aux ports et aux transports en commun des 3 villes Gdynia, Gdansk, Sopot.Une conductrice Henrika Krzywonos arrête les tramways et devient le chef du comité de grève dans les transports. A Gdynia, Andrzej Kolodziej, 20 ans, embauché la veille aux chantiers Komuna Paryska prend la tête de la grève. Personne ne le connait mais le cœur est là.
A Gdansk, les négociations se poursuivent mais aucun accord n'est trouvé.
Le pouvoir coupe toutes les liaisons téléphoniques entre les 3 villes et le reste du pays. Les médias ne disent pas un mot sur les grèves. Dans les trois villes, des queues se forment devant les magasins. Prudent, les Polonais essayent de stocker des produits alimentaires en prévision de jours plus durs. Aucune information ne circule. Seule la radio Wolna Europa essaye de diffuser des infos mais elle est soigneusement brouillé par le pouvoir.

Aux chantiers navals les discussions entre le comité de grève et la direction se poursuivent. Les négociations portent sur: 1500 slotys d'augmentation
Le retour au travail de Anna Walentynowicz et de Lech Walesa
La création d'un syndicat libre à l'intérieur du chantier

A 15 heures Lech Walesa prend un mégaphone et annonce la fin de la grève. Les ouvriers commencent a quitter le chantier avec un sentiment de victoire. Soudain la conductrice de tramway Henryka Krzywonos rentre dans la salle et crie à Walesa :" Vous nous avez vendu ! " Walesa reprend le mégaphone et dit : " La grève continue. Solidarité ( solidarnosc ) "
Dans la nuit les représentants de 21 entreprises des 3 villes créent Miedzyzakladowy Komitet Strajkowy ( MKS comité de grève inter entreprise ) et publient un communiqué :
" Le but du MKS est de coordonner les revendications et les actions dans les entreprises. Il a été décidé de continuer les grèves et le MKS a mandat de négocier avec le pouvoir central.

Dans la nuit du 16 au 17, une liste de 21 revendication avait été adressé au pouvoir. Ces revendications avaient été préparé par le MKS avec Bogdan Borusewicz. Les premiers points ( les plus difficiles ) portaient sur la création d'un syndicat libre. Les derniers ( les plus faciles ) sur le samedi jour de congé. Il était prévu que ces points devaient être discuté dans cet ordre. Un syndicat libre c'était le maximum que les Polonais pensaient obtenir. Beaucoup avaient en mémoire l'intervention des chars à Prague en 68.Les soviétiques ne devaient pas avoir de prétextes pour intervenir.
Le samedi soir il avait été demandé au pouvoir l'autorisation de célébrer une messe à l'intérieur des chantiers à Gdansk et Gdynia. Cette autorisation fût accordé et le dimanche matin plusieurs milliers de personnes y participèrent A la fin de la messe qui a provoqué un grand choc dans les esprits, une croix fût déposé à l'endroit choisi pour construire un monument à la mémoire des victimes des grèves de 70.
Le 18 au matin, la tension monta d'un cran quand les ouvriers qui étaient rentrés chez eux le week-end arrivèrent devant les grilles pour reprendre le travail. Mais après l'intervention de Borusewicz qui calma les esprits tout le monde se retrouva dans l'enceinte. Le directeur appela en vain une fois de plus les ouvriers à reprendre le travail.Dans le même temps des tracts du parti furent distribué. Les esprits s'échauffèrent et les membres du parti se virent expulser du chantier.
La grève se durcit et fait tache d'huile. Le bureau du MKS est crée avec à sa tête Lech Walesa. Les communications entre Gdansk et Szczecin sont coupés. Gierek intervient en faisant un grand discours mais il ne parvient pas à convaincre les grévistes

Le MKS compte maintenant des délégués de 250 entreprises. Dans un communiqué, il déclare : " Nous attendons l'arrivée de responsables du pouvoir central. Au nom des équipes représentées, nous déclarons que nous voulons reprendre le travail au plus vite mais comme des citoyens de pleins droits cogérents de nos entreprises. "
Une commission gouvernementale sous la direction de Tadeusz Pyka reçoit des grévistes à la mairie de Gdansk. La stratégie mise en place par le pouvoir politique consiste à provoquer une rupture entre les grévistes. Des représentants de dizaines d'usine négocient avec Pyka.
Andrzej Kolodziej, vice président du MKS, dirige la grève à SKP. Son équipe a décidé de mettre dehors la direction de l'usine. Après quelques délibérations, la direction reste dans l'usine mais doit donner les clés aux grévistes. Presque 500 personnes se portent volontaires pour surveiller le directeur et le secrétaire du parti.
A Szczecin les grèves s'étendent.

Le 20 aout, les négociations entre la commission Pyka et une partie des gréviste se terminent par un fiasco général. Le gouvernement rejette des points déjà négociés. Pyka demande l'arrêt de la grève et menace les délégués qui quittent la salle et rejoignent les rangs du MKS.
- A Varsovie, un appel est signé par 65 intellectuels." Ensemble gouvernés et gouvernants nous devons être guidé pour le bien de la Pologne. Dans la situation actuelle,il faut s'abstenir de diviser la population. "
Un général de l'armée polonaise, le général Jaruzelski déclare:" Il faut être sensible aux affaires soviétiques, les surveiller. Il y a une grande inquiétude chez nos amis de ce qui se passe chez nous."
Dans le parti, la crise de confiance se généralise. Le général Krzysztoporski dit qu'il faut agir concrètement pour vaincre l'activisme antisocialiste par tous les moyens, politiques,administratifs,et juridiques."
Ce jour-là, la SB ( police politique ) arrête plus de 20 personnes membres du KOR dont Jacek Kuron. Ces arrestations augmentent le sentiment de danger chez les grévistes. Autour de Gdansk, les forces spéciales et les chars n'attendent qu'un prétexte pour rentrer. Les membres du comité de grève appellent au calme.

Le 21 aout à Szczecin, une commission gouvernementale sous la présidence du vice-premier ministre Kazimierz Barcikowski entreprend des négociations avec le MKS au chantier naval Warski.
Le MKS de Gdansk qui compte maintenant 350 entreprises demande une fois de plus au pouvoir de reprendre les négociations.
La mission Pyka se termine et celui-ci est rappelé à Varsovie. Une nouvelle mission se met en place sous la présidence de Mieczyslaw Jagielski. Cette mission continue des négociations avec des usines des 3 villes en omettant le chantier naval de Gdansk et le MKS.
A Gdansk, les délégués du MKS quittent la salle et se préparent pour la nuit. Il est demandé aux journalistes étrangers de rester à l'intérieur du chantier, les grévistes craignent une intervention des forces de l'ordre. Ceux-ci refusent. La résistance psychologique des ouvriers s'amenuise. Mais une association de littéraires vient passer la nuit au chantier et remonter le moral des ouvriers. La nuit a été calme.

Le 22 aout, des grèves à Cracovie et à Skawina commencent. Lors d'une réunion du MKS, Lech Walesa hausse le ton." Je dis officiellement que si le pouvoir ne met pas fin aux arrestations des membres du KOR et d'autres organisations socio-politiques, il n'y aura plus aucune négociation. Ces gens nous aident et nous ont aidé. Ils nous ont ouvert les yeux sur notre histoire et sur ce qui nous est dû. "
Le soir, Bronislaw Geremek et Tadeusz Mazowiecki arrivent au chantier et apporte le soutien des intellectuels envers les grévistes.
Le 23 aout, Le gouvernement remarque enfin l'existence du MKS au chantier naval de Gdansk. Les experts du MKS avec à leur tête Tadeusz Mazowiecki se préparent pour les discussions avec la commission gouvernementale. Lech Walesa demande d'arrêter les représailles vis-à-vis de ceux qui soutiennent la grève. Un préambule est posé avant le début des négociations: rétablir les communications téléphoniques avec le reste du pays. Ce point n'ayant pas été accepté, Walesa se rend quand même à la réunion à 20 heures afin d'écouter les positions du gouvernement. Les négociations sont retransmises dans l'usine par haut-parleurs.
Le 23 est la date de parution du premier bulletin d'information " Solidarnosc "

Ce dimanche 24 aout au matin, la messe a lieu dans l'enceinte du chantier.4000 grévistes et 3000 personnes de l'extérieur y ont participé.La solidarité s'organise. Les gens apportent de la nourriture et donne de l'argent dans la tire-lire du MKS. Les grévistes commentent les négociations de la veille. Ils sont déçus par le manque de propositions du gouvernement. La proposition de Jagielski d'organiser de nouvelles élections au syndicat existant est jugé inacceptable.
Au chantier de Gdansk, le bureau du MKS se réuni avec la commission d'expert de Mazowiecki et ils travaillent sur le premier point des revendications: la création d'un syndicat libre.

Le 25 aout, dans les trois villes, les communications téléphoniques sont toujours bloquées donc personne ne reprend les négociations. Dans la soirée le voivode de Gdansk Jerzy Kolodzieski s'engage à débloquer progressivement les liaisons avec le reste du pays.
A Szczecin, 142 entreprises continuent de discuter avec des représentants du gouvernement
Le journal officiel Wieczor Wybrzeza informe de l'existence du MKS à Gdansk et des 21 revendications.
Les journalistes présents au chantier naval à Gdansk font une déclaration: " Nous, les journalistes polonais présents sur la côte pendant la grève, déclarons que l'information publiée jusqu'à présent et surtout les commentaires ne reflètent pas exactement les événements. Cet état de choses sert à la désinformation. Le blocage des liaisons téléphoniques et l'impossibilité de publier les documents présentant la grève nous touchent profondément et nous empêchent d'exercer notre métier correctement. "
Pendant ce temps, se prépare le deuxième tour des négociations.

Le 26, les négociations continuent dans l'incertitude. Aucun accord n'est trouvé sur le premier point, la création d'un syndicat. A Gdansk la grève générale se déroule avec l'approbation totale de la population. Si quelque chose fonctionne, c'est uniquement avec l'accord du MKS.
A Lodz et Wroclaw, des grèves de solidarité commencent dans les entreprises et les transports en commun.
A Gdansk, malgré les désaccords les négociations continuent entre le MKS et la commission gouvernementale.

Le 27, toujours à Gdansk, les négociations continuent. Le MKS compte maintenant plus de 500 entreprises en grèves. Le gouvernement de Gierek réfléchit comment rouvrir les ports du nord avec l'aide des forces spéciales et de la marine. Mais à Gdansk il y a 4000 personnes dans le chantier et 2000 devant les grilles. Et puis même si les ports étaient dégagés, il n'y aurait personne pour travailler ! Le gouvernement recule donc et abandonne son projet.

Ce jour-là, 28 aout 1980, au chantier naval apparait pour la première fois le logo de Solidarnosc. Son auteur est Jerzy Janiszewski.Sa conception s'inspirait de la ressemblance de gens serrés dans la foule, solidaires et s'appuyant les uns sur les autres.
Dans la salle de réunion, le MKS négocie toujours. Lech Badkowski revendique la limitation de la censure et plus de liberté d'expression. Andrzej Gwiazda aborde les problèmes des représailles politiques. Ce jour-là la Préfecture générale demande l'arrestation des organisateurs de l'action antisocialiste dans le pays. Sur la liste il y a les noms de Jacek Kuron, Jan Litynski, Adam Michnik et aussi Bogdan Borusewicz , Konrad Bielinski, Krzysztof Wyszkowski ( au total 28 personnes). Les grèves s'étendent à Cracovie et à Wroclaw ainsi que dans la mine de Jastrzebie en Silésie.

Le 29, La vague de grèves s'étend sur tout le pays.(Dolny i Gorny Slask, Krakow, Wroclaw, Poznan, Bydgoszcz, Krosno, Lodz, Warszawa). La perspective d'une grève générale devient de plus en plus réelle. Le gouvernement rejette la déclaration de Lech Walesa qui était prêt à lancer un appel afin que d'autres entreprises ne se mettent pas en grève. Le pouvoir déclare que neuf voievodies sont en grève soit 800 entreprises.
Au chantier naval de Gdansk l'ambiance est tendue. La commission gouvernementale a décommandé son arrivée, en jugeant qu'elle n'est pas préparée. Walesa suppose que c'est de la provocation du côté du gouvernement. Ce jour-là c'est le jour de l'horreur. Les arrestations commencent à Varsovie, Lodz, Wroclaw. Le pouvoir a choisi la force. .

Après une nuit de négociation, le 30 aout à 8 heures du matin, un accord est signé à Szczecin. En s'appuyant sur l'opinion d'experts, il a été décidé de créer un syndicat autonome à caractère socialiste comme le prévoit la constitution de la Pologne populaire. Szczecin termine la grève à la grande surprise du MKS
Au chantier naval de Gdansk, nous sommes au quatrième jour consécutif des négociations entre le MKS et la commission gouvernementale. Deux principaux points d'accord ont été trouvé.
- Création d'un syndicat indépendant et libre
- Respect du droit de grève, des grévistes et de ceux qui les soutiennent
La demande a été renouvelée afin que toutes les personnes arrêtés à Varsovie soient libérées
Le réalisateur Andrzej Wajda arrive au chantier naval. L'auteur de l'homme de marbre projette de tourner une suite de son film en s'inspirant des événements actuels. L'homme de fer, futur Palme d'Or est déjà en préparation.

Le 31 aout, devant les chantiers, des milliers de personnes se rassemblent. Le MKS compte plus de 700 entreprises en grève. Le matin, s'établit avec la commission gouvernementale les principaux points d'un accord. Reste en suspens la question de la libération des personnes emprisonnées.
A 17 heures l'accord est signé. Celui-ci reconnaît:
" La création d'un nouveau syndicat indépendant."
Lech Walesa remercie le Vice-Premier ministre de ne pas avoir employé la force et se félicite d'avoir pu discuter et se faire comprendre de Polonais à Polonais.
" Nous n'avons pas obtenu tout ce que nous voulons, mais nous avons obtenu beaucoup. La grève est fini ! "

Au moment de la signature, les acteurs ont la gorge serrée. Puis les grévistes quittent le chantier, leur couverture sous le bras. Ces milliers d'anonymes ne peuvent imaginer encore le rôle primordiale qu'ils ont joué.

 

Ils ne savent pas encore que plus de trente ans après, leur combat serait toujours présent dans nos mémoires et qu'une décennie plus tard, grâce à eux, un mur allait être démonté à Berlin.


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Photos Solidarnosc

 





 



 

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