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Wisla, l’aventure enneigée……

2ème épisode….


La mère :

………………nous arrivons au pied de Jarzebata, à Wisla. Relaks, l'hôtel où nous logions se trouvant tout en haut de la pente de Jarzebata.

Arrivés sur place, après avoir récupéré les clés de nos trois chambres, nous saluons Francik, l'heureux directeur de l'établissement et mon pote du web. Nous partons nous installer dans les chambres, mais comme il reste une bonne heure avant le repas, nous partons à la recherche d'un endroit pour nous désaltérer..... Avec le don qu'on a de se faire remarquer, nous attirons l'attention d'un employé de l'établissement qui comprend aussitôt à qui il a affaire.... C'est que j'étais attendue et dûment annoncée dans l'établissement... conséquence, le directeur en personne ouvre le bar rien que pour nous.... Ma fille n'en revient pas.... "mais Maman, mais t'es une star...." Eh oui, sans fausse modestie.... je suis extra.....

Enfin, revenons à nos moutons...... Après s'être désaltéré, au jus de cassis pour ma fille (son cœur balance entre le merveilleux jus de cassis polonais et le jus de pamplemousse, pas obligatoirement polonais....), à la Piolunowka pour nous (une découverte.... je vous la conseille cette vodka-là) et acheté une bouteille de vin (autrichien si ma mémoire est bonne) pour accompagner le repas de midi, nous nous sommes rendus à la salle à manger où un vrai repas dominical silésien nous a été servi..... Là, je pourrai lancer un grand concours.... qu'avons-nous mangé ???..... mais je sais que les fidèles beskidiens savent depuis longtemps ce que mangent les Silésiens le dimanche après la messe.... je les ai suffisamment bassinés avec ça..... rosol z makaronem (bouillon avec vermicelles, maison bien sûr) et en guise de plat de résistance, des kluski avec des rolady, incontournable dans le pays.... avec bien sur la kapusta (le problème c'est que je ne me souviens plus de la couleur de chou, blanc ou bleu, c'est à dire rouge.... j'ai oublié... normal, après tant d'émotions fortes).

Après s'être restauré, nous primes de chemin du village, de la ville devrais-je dire, de Wisla..... Il faisait nuit et nous avons descendu la montagne, sur laquelle est perché le Relaks, bras dessus dessous, gais comme des pinsons, au rythme de quelques chansons..... Eh oui, on ne se refait plus, Marie-Laure a définitivement renoncé à me faire taire..... peine perdue.....

Après avoir arpenté les rues et ruelles quasiment désertes de Wisla (que voulez-vous, les magasins sont fermés le dimanche après midi), après avoir admiré l'effigie de l'enfant du pays, j'ai nommé Adam Malysz, sculpté dans le chocolat blanc, dans un des bâtiments officiels de la ville, nous partîmes à la recherches d'un endroit qui nous permettrait de nous restaurer..... Nous sommes donc tombés, en plein centre ville, sur un établissement nommé "Ondraszkowa Izba", un bâtiment en bois, dans le pur style traditionnel et montagnard du pays, hélas, la salle était comble.... Mon frère a donc soudoyé (rien qu'avec son regard de velours) la jolie serveuse, qui nous avait promis de nous réserver la première table qui se libérerait.... Nous voilà reparti pour un autre tour à travers la ville, ce qui, étant donné la météo pas trop clémente, n'était pas une partie de plaisir....

Mais l'attente valait la peine, à l'heure prévue la table prévue nous attendait comme convenu.....

Aussitôt, une épreuve extrêmement difficile nous attendait : le choix cornélien de ce qu'on allait bien pouvoir manger.... Ce difficile moment fut adouci par la bonne bière de Zywiec que nous nous sommes enfilés en attendant, accompagnée de oscypek grillé avec une délicieuse sauce fortement ailée..... Finalement, notre attention a été attirée par un nom sur la carte, le nom d'un plat qu'on pourrait traduire en français "tout ce qui traîne dans la cuisine"... ça ne s'improvise pas, un nom comme ça... ça se goûte.... ça se déguste... qu'à celà ne tienne, au diable l'avarice (c'était pas ce qui se faisait de moins cher sur la carte).Après un moment d'attente, nous voyons arriver les deux jolies serveuses, portant une énoooorme planche en bois sculptée, garnie d'une quantité inimaginable de nourriture : du porc, du boeuf, du dindonneau, du poulet, du lard grillé, des frites, du riz, de l'ail poêlé (absolument délicieux); chou, salade, agrumes, poivrons, sauces : à la crème, très ailée ou aux poivrons, genre letcho hongrois.... Quel régal, d'abord pour les yeux, avec un feu d'artifice planté dans le plat, puis pour les papilles...... Un souvenir gastronomique remarquable.... Et le cadre... oh, le cadre...

Après ce repas gargantuesque et vu la météo peu clémente - une espèce de crachin glacé tombant du ciel - nous laissâmes mon frère et Irène, la cousine, rejoindre le Relaks à pied, pendant que nous montions, avec les jeunes (très fatiguées, les jeunes) dans un taxi, non sans avoir acquis, dans un magasin du coin (ce genre de magasin reste ouvert tout le temps) une petite bouteille et quelque chose pour mélanger avec......

Le lendemain, lundi donc, Francik, le directeur de Relaks, nous a promis de nous faire visiter les curiosités du pays. Mon frère a rejoint Piekary après un petit déjeuner copieux et nous partîmes à la conquête du pays avec Francik, dans sa voiture.... Le hic, eh bien le hic.... c'est qu'en regardant par la fenêtre en cette matinée de lundi, nous n'avons même pas reconnu le paysage, tout était blanc.... mais blanc... on ne voyait que le blanc..... Le hic (eh oui, encore un, et pas le dernier), c'est qu'en prévision de l'hiver polonais j'ai fait acquisition, en soldes chez Décathlon près de chez moi, de quelques accessoires indispensables par temps froid, comme par exemple les gants chauds, mais je les ai oubliés à la maison, en France.....

Ceux qui vous diront que c'est bien moi, surtout ne les croyez pas, dans des conditions normales d'utilisation, il m'arrive de réfléchir, mais pas cette fois-ci..... Je me suis donc retrouvée avec un couvre-chef, ridicule, certes, mais sans gants, avec des bottines de ville, juste bonne pour appuyer sur l'accélérateur de la twingo, mais pas pour marcher, en promenade sur des tonnes de neige, dans une tempête de neige, par des températures hivernales..... Bon, je vous ferai grâce de toutes les gamelles (trois seulement) que je me suis ramassées. Nous avons visité certains sites de Wisla, notamment les tremplins de sauts à ski, ancien, actuel et futur, où nous avons entraperçu le premier entraîneur de Malysz, ainsi que l'hôtel Golebiowski, un bâtiment monstrueux à l'entrée de la ville, hôtel des riches et très riches, les maisons de Malysz, à savoir celle où il est né, celle où il s'est marié et celle où il habite maintenant (j'ai même pris Madame en photo......) et puis le fan-club officiel de Malysz, le bar "Pod Bocianem", où nous nous sommes entretenus avec le patron, l'ancien gardien de but de Szombierki Bytom, avec lequel nous avons trouvé des connaissances communes....

Francik, notre guide, connaissait bien sûr tout le monde, il nous racontait plein d'anecdotes, d'histoires du pays. Francik, originaire de Chorzow, vit à Wisla depuis 17 ans et a même écrit un guide de promenades à travers la ville et les environs. Et puis, avec sa Skoda, nous sommes montés sur Gubalowka, non par la route officielle, mais par derrière, pour entre apercevoir le Château du Président polonais, en cours de restauration, qui a fait coulé tant d'encre en Pologne....

A Gubalowka, Francik nous a réservé un traîneau à neige, en vue d'un kulig, donc promenade en traîneau le lendemain. Nous avons rejoint, après cette ballade, le Relaks, où notre repas nous attendait..... Et après, et après, direction la ville, où nous sommes descendus à pied de notre montagne, moi, agrippée de toutes mes forces à ma cousine Irène, sinon, j'aurai fait une arrivée express sur les fesses, avec mes bottines... La première chose qu'on a visité, c'est un magasin de godasses où enfin j'ai trouvé des chaussures pour la circonstance.... quel soulagement...... Eh puis, conformément à une longue tradition familiale, nous avons visité un certain nombre de commerces, notamment le magasin, très médiatisé, de Tajner, l'entraîneur d'Adam, la boulangerie-pâtisserie-salon de thé préférée d'Adam, bien sûr, la bouille souriante du champion local était sur tous les murs, avec ou sans ski, mais toujours avec des médailles, des récompenses... Bref, tous ceux qui, en arrivant ne savait pas que Malysz est du pays, on dû, à force, le comprendre......

Le lendemain donc, c'était le jour clé.... nous avons testé les transports en commun locaux, pour rejoindre Gubalowka, qui se trouve dans la commune de Istebna. Notre cocher nous y attendait avec le traîneau et deux magnifiques chevaux qui y étaient attelés. Nous avons tant bien que mal pris place, c'était quand même un peu serré..... surtout que Marie-Laure a profité de ce que je fasse le tour du traîneau avec l'appareil photo pour me piquer ma place....

Qu'à cela ne tienne, la balade commence.

Les deux cousines, un peu lassées par la monotonie de la course, ont commencé à ramasser quelques flocons qui traînaient abondamment de partout, pour en confectionner les boules et les balancer sur tout ce qui bougeait, et même ce qui ne bougeait pas. Du coup, nous étions envahies par la neige, il y en avait de partout, les demoiselles en distribuaient avec une générosité inouïe.....

Bien entendu, étant donné les températures hivernales qui régnaient, étant donné que nous étions immobiles dans un traîneau, en bonne mère soucieuse de la santé de leurs progénitures, nous nous sommes inquiétées pour nos filles, elles allaient être trempées jusqu'aux os (eh oui, elles stockaient la neige sur les genoux), j'ai donc sorti de mon fourre-tout un adorable sac plastique, avec le dessin d'une bière de Cieszyn dessus, pour que ma fille adorée se protège ses précieux genoux avec.... Loin d'elle cette idée saugrenue, les deux folles ont rempli le sac de la poudreuse pour ne pas manquer de munitions si on croisait quelques promeneurs.....

C'est curieux, les réactions des gens face à ce bombardement, somme toute inoffensif et plutôt sympathique.... Il y en a qui étaient tout simplement scandalisés qu'on ose leur balancer de la neige dessus, d'autres se contentaient de rigoler, d'autres encore, et c'étaient les préférés de ces demoiselles, se jetaient illico sur la poudreuse pour rendre la pareille.... Inutile de préciser, que nous, les matrones, en avons fait les frais..... Céline, la Maman de Dorota, s'en est ramassée une bonne, en plein coquelicot.....

La balade terminée, les filles ont continué à profiter de ce blanc don de la nature, en montant sur tous les monticules qui se présentaient, en se couchant, en se roulant dans la poudreuse..... J'en était MALADE !!!!

Enfin, ça nous a valu une quantité extraordinaire de fous rires.... Quelle journée...... Après être rentrée au Relaks, à pied, nous étions, pour ainsi dire, vidées de toute énergie..... Un peu de repos, le souper et Marian, mon frère, venait nous rejoindre.... eh oui, on rentrait le lendemain matin.... Mais l'aventure de Wisla n'était pas terminée.... il restait la soirée.....

Francik, le directeur de Relaks, a organisé pour la soirée, pour les vacanciers, un feu de bois avec grillage de saucisses.... Il nous a accueilli devant une belle flambée, dehors je vous prie, avec sa guitare, ses deux flûtes (eh oui, il jouait de deux flûtes en même temps), il a raconté des histoires, chanté des chansons, avec notre concours..... Nous ne nous sommes pas trop attardés dehors, il neigeait et il faisait froid, les saucisses consommées, nous sommes retournés au bar, pour nous réchauffer avec le renfort de quelque boisson appropriée....

Pendant que nous étions accoudés au bar, que les deux cousines passaient de billard au ping-pong et de ping-pong au billard, quelques notes de musiques sont parvenues à nos oreilles, attirés par ce bruit, nous avons retrouvé Francik, le directeur du Relaks, au piano et chantant quelques airs connus. Voilà ce qui nous a manqué depuis le début du voyage, nous avons passé le reste de la soirée, jusqu’à une heure un peu avancée, à chanter, accompagné par la guitare ou le piano de Francik, qui arrivait à tout jouer, mais qui ne connais aucune note, qui n’a jamais appris à faire de la musique. A un moment, nous étions tellement pris par nos chansons, que personne n’a remarqué, même l’intéressé lui-même, que Francik a commencé à saigner du doigt et que le sang giclait de partout, tout ça à force de frotter les cordes de sa guitare….. Un petit public s’est constitué autour de nous, certains se sont mis à chanter avec nous… C’était une merveilleuse soirée, fort agréable, notre dernière soirée au Relaks.

Le lendemain matin, nous quittions Wisla. Direction Cracovie, où j’avais rendez-vous avec notre Andrzej beskidien et, plus tard, une autre connaissance du site silésien.

Quand nous nous sommes réveillés le matin, une nouvelle surprise nous attendait, la couche de neige recouvrant la ville de Wisla, a gagné en épaisseur durant la nuit. Quand nous avons pris le chemin du parking, avec nos bagages, il s’est avéré impossible d’identifier le véhicule de mon frère, arrivé pourtant la veille au soir. Le parking n’était que la suite de monticules blancs, sous les monticules, les véhicules…Il a fallu donc, après avoir repéré la Citron de Marian, d’enlever toute la neige sur la voiture, sous la voiture et à coté de la voiture….. Que d’émotions…..

A SUIVRE……

Sabine Raffin
Sabine@beskid.com


La fille :

Au début, Wisla n’était qu’une cité envahie par de la vieille neige salie par les gaz d’échappements. Le ciel était gris, il faisait froid…mouais…ça ne se présentait pas génialement bien …

Alors que quand dans ces conditions nous arrivions (manman, son frère Marian, sa femme Célina, leur fille, ma cousine, Dorota, Irène, la cousine de Marian et manman, et moi) à l’hôtel et prenions connaissance des chambres, ça allait un peu mieux ; surtout après qu’on ait réussi à monnayer avec Céline (un peu protectrice) pour que Dorota et moi ayons la même chambre.

Très vite, le directeur de cet hôtel, un inscrit au Clan des Silésiens, nous a proposé de nombreuses activités pour découvrir le monde de Wisla après quelques discussions que je n’ai pas comprises, d’ailleurs…

Le soir, le billard était là, la salle de ping-pong - qui avait tendance à nous servir aussi, à ma cousine et moi, de salle de tennis – aussi, et cela après un bon repas en ville, et un retour en taxi, pendant lequel le chauffeur nous disait qu’il neigerait le lendemain…A ce moment là, j’étais sceptique, j’avais pas envie de neige, mais de soleil….

Puis le lendemain, l’extérieur était étrangement lumineux. On regarde dehors…de la neige partout ! et ça continuait à tomber ! Alors là, même si je ne voulais que du soleil, je ne pouvais qu’être contente !

Le premier jour de neige, dans la matinée, nous avons suivi le directeur à travers Wisla pour visiter un peu et se représenter la région. Très vite, la neige nous a fait, à Dorota et à moi, de sacrés clins d’œil – quelle tentatrice !- et elle a vite fusé autour de nous.

Sab était notre cible préférée car elle ne se défendait pas mais ne faisait que se camoufler, l’enjeu était alors de briser ses défenses - ce qui n’était d’ailleurs pas très compliqué !

Puis, comme l'a elle-même si intelligemment précisé : "Je me suis donc retrouvée avec un couvre-chef, ridicule, certes...", j'approuve !! Je suis PARFAITEMANT d'accord !! Je n'ai jamais été aussi d'accord avec elle !! Avec, ce couvre-chef, comme elle dit, elle n'était pas seulement ridicule, elle était hilarante !! On aurait dit une boule de bowling avec les narines en guise de trou pour la lancer ! ça lui faisait une tête toute ronde de petite fille ! C'était mignon tout plein ! La première fois que je l'ai vu avec ce bonnet, j'ai failli mourir de rire! Il faudra un jour que vous voyiez ça ! C'est un grand moment d'émotion, je vous le jure !! Mais c'est dommage car, comme elle vient de me le dire à l'instant, dès qu'elle voyait un appareil photo pointé sur elle, elle enlevait ce magnifique bonnet...donc, à moins qu'elle ne vous fasse une démo perso, vous n'aurez jamais l'occasion de la voir ainsi coiffée...zut alors ! pas d'chance !

Menfin...c’est à ce moment que j’ai commencé à vraiment apprécier le voyage ! La neige fait vraiment des miracles !

L’après midi de ce premier jour enneigé s’est déroulée un peu lascivement, avec un peu de billard et de ping-pong, ainsi qu’une consommation excessive de jus de cassis (czarnej porzechek).

C’est le lendemain que les choses sont devenues intéressantes. Nous étions allées (tonton était parti, il ne restait plus que 5 (magnifiques) jeunes femmes) sur la montagne afin de faire un petit tour de traîneau sur les hauteurs. Au début, rien d’extraordinaire… J’étais assise dans le sens de la marche, ma cousine en face de moi, manman à côté d’elle, Célina à côté de moi, et Irena à l’avant, à côté du conducteur, avec vue panoramique sur la croupe des deux chevaux.

Comme je l’ai précisé auparavant, la neige est une tentatrice…et il y en avait des quantités phénoménales sur le bord du chemin…alors que voulez-vous…il suffisait de tendre la main, de se baisser un peu, et, sans autres efforts, on pouvait ramasser une pelletée de neige très appréciable.

Au début, Dorota et moi la déposions sur nos genoux, mais vous connaissez les mères, ça a toujours peur qu’on ait froid…alors il a fallu qu’on se débarrasse de la neige… Puis une idée perverse a germé dans nos esprits dérangés : Nous sommes passés devant un groupe de personnes, et ma main, indépendamment de ma volonté bien sûr, a lancé sur eux une petite boule de neige. C’est là que d’un commun accord nous avons amassé le plus de neige possible, en en mettant absolument partout dans le traîneau, sur nous, sur nos mères, sur le sol, sur les couvertures. Alors, manman s’est rendue compte qu’on ne changerait pas d’avis, alors, instinct maternel, elle dit : “ Attendez j’ai quelque chose pour vous ” On s’arrête, elle ouvre son sac, et…elle sort un sac plastique ! JUBILATION ! Quelle idée fantastique ! Je m’en saisis, et on le bourre de neige à ras bord ! Et manman, toute surprise : “ Mais c’était pour le mettre sur vos genoux pour pas que vous vous mouilliez…” Ah bon ? J’avais même pas pensé à cette solution là ! N’empêche qu’indirectement, le sac nous a quand même empêché de nous mouiller.

Peu d’âmes en errance sont tombés sous nos attaques à l’aller…mais au retour, nous avons croisés un grand groupe d’enfants et nous les avons bombardés, bien entendu…Mais je ne sais s’ils étaient tous malades, mais aucun d’eux n’a répliqué, ils avaient l’air surpris et pas spécialement heureux…c’était raté ! Mais plus tard, un groupe de trois personnes est passé, deux garçons, une fille. La neige a d’abord touché les garçons, la fille, alors se moquant d’eux, s’est retourné vers nous en souriant, ce qu’elle n’aurait jamais dû faire car une belle boule de neige lui est arrivée en pleine joue, de la main de Dorota, qui s’est empressé de s’excuser. La fille, choquée, n’en était pour autant pas mécontente…ça, ce sont de bonnes victimes…

Nous n’avons pas croisé d’autres personnes après, et notre sac à neige ne fut pas vidé…pourtant, nous ne pouvions nous résoudre à l’abandonner lâchement, elle qui nous avais aimablement accompagnée un bout de notre vie, à Dorota et à moi. Alors bien sûr, sur qui la lancer, sinon sur Sab ? Nous avons alors repeint son manteau, à l’origine noir, en blanc ; puis, lorsque le sac fut fini, nous avons décidé qu’un bain s’imposais et avons sauté dans un immense tas de neige dans lequel nous nous sommes enfoncés, avons roulés, et, étrangement, nous nous sommes mouillées.

L’après midi fut tout aussi lascif que le premier ; pour ma part, je n’avais plus une once d’énergie à dépenser ; la neige, ça crève.

Le soir, alors bien reposées, ma cousine et moi sommes passées au billard, alors que les adultes admiraient le feu de bois à l’extérieur. Dans la pièce attenante à celle du billard, il y avait la table de ping-pong, et trois jeunes y étaient. Alors, nous avons voulu leur demander de venir jouer avec nous. Je me dévoue, j’y vais, je toque, j’entre, et je dis, dans un polonais approximatif : “ vous voulez jouer billard ? Nous sommes deux et cinq est bien aussi. ” et la fille (les deux autres étaient des garçons) me répond, raquette à la main : “ ah nie gnagnanga ping-pongu i gangannaang ping-pongu.. ” J’en ai déduis…que peu de choses…seulement que…et bah que non, ils ne voulaient pas venir. Tant pis. On a joué pendant une bonne heure, puis, à un moment, Dorota est sortie et a croisé les deux mecs qui passaient et a réitéré notre invitation, qu’ils ont, un peu plus gentiment que la fille, refusée. Alors on a continué, en blaguant sur ces sales jeunes qui refusaient tout, qui m’avait pris pour une cinglée, qui semblaient pas comprendre que j’étais pas polonaise, et surtout cette fille qui nous énervait parce qu’elle aimait personne ; et nous ne cessions de les comparer aux jeunes qu’on avait croisés en Mazurie et qui ne demandaient qu’une chose, se joindre à nous ! Pas comme ces prétentieux !

Alors lorsqu’ils repassaient, Dorota a rapidement re-réitéré sa question, qu’ils auraient dû, selon toute logique, encore refuser…mais non… Gott sei dank.. Ils ont accepté, ce qui fut une grave erreur. Je vais vous épargner les détails de l’heure et demie qui a suivie. Ces messieurs étaient des pros du billard, et nous, pauvres incultes, nous jouions un peu n’importe comment et étions bombardées de conseils, ou plutôt d’ordres.

C’est Dorota qui a le plus souffert car elle comprenait leurs indications, mais n’arrivait pas à les appliquer. Moi, je ne remarquais même pas quand ils me parlaient… jusqu’à ce qu’ils comprennent, difficilement, qu’ils pouvaient toujours parler billard, je ne comprendrais jamais rien. La soirée fut dure mais leur départ fut fêté comme il se devait. Nous avons joué comme des pieds, ne touchant les boules que de rares fois, en inventant quantités de sentences à faire subir à ces sales jeunes, qui, indication de Dorota, venaient de Varsovie, d’où le comportement… (un rapprochement pourrait être fait avec une quantité non négligeable de parisiens (oui c’est un stéréotype mais c’est pas grave ))

Fût Wisla.
Terre enneigée et billardée.
Avec de multiples fous rires avec cette cousine étonnante, avec de multiples vents avec cette manman replongée dans le Polonais, de multiples refroidissements avec ces bains de neige, avec de multiples achats de chaussettes pour compenser le mouillage des chaussures, avec du bourrage aux vitamines parce qu’ils avaient tous peur que je tombe malade et avec quelques rencontres intéressantes et d’autres sacrément énervantes…
Fût Wisla.
L’aventure enneigée

Marie-Laure Raffin
Marylor@beskid.com

 





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