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DES POLAKS EN POLOGNE

 
Pour ceux et celles qui n'auraient pas vu cette excellente émission, qui est passé sur la chaine franco-allemande Arte, en voici un large résumé préparé par Marc Toussaint.
 


 

Dans les années vingt, de nombreux Polonais avaient émigrés en France et en Belgique pour y trouver du travail, notamment dans les mines du Nord et de Lorraine.
En 1945, les soldats polonais de la Première Armée " Rhin et Danube " qui allaient délivrer Varsovie, étaient majoritairement composé de mineurs ou des fils de mineurs de cette émigration-là, et qui pour beaucoup, mettaient ainsi pour la première fois le pied sur la terre natale de leurs ancêtres.
Entre 1945 et 1949 , cent cinquante mille de ces " Polaks ", sobriquet méprisant utilisé à leur encontre, décident de renter au pays.

Fin de la seconde guerre mondiale, dans un pays dévasté de font en comble et reconstruit dans de nouvelles frontières, l'immigration représente en effet un apport décisif. A la différence des ouvriers nationaux peu nombreux et très mal organisés, avant 1939 les émigrés métallos et surtout les mineurs du nord de la France et de la Belgique avaient connu le Front Populaire, le syndicalisme communiste et la liberté démocratique de l'occident.
Les deux premières expériences Front Populaire et syndicalisme les poussaient à rentrer au pays, pour y participer à la reconstruction tout à la fois patriotique et socialiste.
La troisième au contraire, la liberté allait les opposer plus ou moins radicalement à la soviétisation brutale des années cinquante en Pologne.
Existence ballottée, espoirs déçus certes, mais aussi réussite paradoxale.
Les rentrées au pays depuis l'occident ont été un ferment démocratique, au moins libérale, dans la Pologne socialiste. Mineurs de fond en France, puis au pays Liégeois en Belgique Edward Gierek rentre en Silésie en 1946, il devient 1er secrétaire du parti.
Après les grèves de Gdansk de 1970, et quelque peuvent-être ses erreurs, il avait proclamé que jamais il ne tirerait sur d'autres ouvriers, il a tenu parole.
Ce résumé explique longuement pourquoi


La Pologne entre 1939 et 1945 c'est 6 millions de morts. Si on mettait tous les morts bout à bout on pourrait faire quatre fois le tour du pays.
Quand au 300.00 morts du ghetto et de l'insurrection ils sont restés sous les décombres de Varsovie.
Un dimanche de juin 1945 deux bataillons Polonais de la Première Armée Française " Rhin et Danube " défilent dans les ruines, deux bataillons de " Polaks " ,des mineurs, des fils de mineurs d'origine polonaise, qui depuis vingt ans creusaient la terre de France, ils proviennent de la résistance communiste et ils sont la seule armée de l'Ouest à jamais arriver à Varsovie.
Ils sont venus avec leurs armes, pour être le rempart d'un nouveau monde qui appartiendrait au peuple et ils seront les premiers des 45.000 mineurs à quitter la France avec femme et enfants pour venir peupler la Silésie, qui allait devenir quatre ans avant la guerre froide, la frontière ultime du monde communiste.
A l'époque dans les corons de France, il y a 600.000 polonais, et à la mine il n'y a qu'un seul mot d'ordre : " pour reconstruire la France, il faut du charbon, produire du charbon c'est votre devoir de Français ".
CZESLAW MOTYKA qui a bien connu ces années déclare : " moi j'aime bien la France et les Français aussi , s'étaient des copains. Mais après, quand j'ai eu fini l'école primaire, mes parents m'ont envoyé dans une école professionnelle à Douai. Le directeur de cette école m'a dit : écoute MOTYKA il te faut une naturalisation française, ton père doit se naturaliser si non tu ne pourras pas étudier chez nous. Mon papa à déclaré nous sommes des patriotes, de vrais patriotes, Polonais je suis né et Polonais je mourrai, pas de papier de naturalisation.
Alors pas de naturalisation, donc pas moyen d'étudier, il ne restait plus que de descendre dans la fosse.
Dans le Nord de la France, dans les mines ce n'était que quasiment des Polonais. Ils ont commencé à s'organiser, réunions, groupes folkloriques, danses, chants tout ce qu'ils avaient ramené de leur patrie. Mais il fallait travailler de 10 à 12 heures par jour, toute la semaine et même le dimanche.
Alors les mineurs Polonais et Français tous ensemble ont commencé à mener des grèves, afin de gagner plus, et revendiquer de meilleures conditions de travail.
Les dirigeants de l'époque ne l'ont pas entendu d'une bonne oreille, et c'est alors qu'on a pu voir des images de guerre
Le gouvernement et les C.R.S. ont renforcé leur brutalité et ont déclenché de vastes opérations militaires, cela donne une image de la guerre que le gouvernement déclare au peuple.
Conséquence directe du plan MARSHALL, le matériel et les équipements américains finissent par avoir raison des boulons, pierres et autres morceaux de bois utilisés par les grévistes totalement désarmés.
Les C.R.S. parviennent à occuper les mines, c'est l'occupation comme au temps des bochs.

En 1945 la Pologne n'est ni tout à fait populaire, ni ouvrière, le parti paysan est la première force d'opposition d'un pays dirigé par un gouvernement de coalition et la population est réticente à suivre l'exemple soviétique.
Au même moment en France des mineurs disparaissent, on ne sait ou, avec leur famille.
Dans les charbonnages on s'inquiète, cette fuite incontrôlée de la main d'œuvre polonaise menace la production.
Les renseignements généraux commencent à s'intéresser à ces mineurs qui s'évaporent, et aux représentants du nouveau Gouvernement Polonais, qui organisent des meetings dans les locaux de la C.G.T.
Dans les cités des mineurs vendent tout leurs meubles, déchirent leur papier d'identité et tentent l'aventure.


































HELENE ZYWIECKA se souvient : " A ce moment je faisais partie de la jeunesse polonaise Grunwald et on avait souvent des réunions, et les gars qui venaient de Pologne à ces réunions nous incitaient à repartir.
Son mari JOSEPH ZYWIECKI ajoute alors : " ce n'était pas seulement ceux de la Pologne, c'était surtout ceux du Consulat. Ils avaient des gens à eux qui se chargeaient de faire la propagande, des Polonais de France qui soutenaient le nouveau Gouvernement qui s'installait en Pologne et ils disaient " vous êtes des Polonais, vous devez revenir en Pologne, car elle a besoin de bras, elle a besoin de mineurs " et surtout en basse Silésie il y avait les mines.

HELENA NAWRAT-MACIEJEWSKI se souvient également : " les propagandistes disaient après la guerre, tout a changé, tu verras, il y a de l'avenir en Pologne, la Pologne réclame ses fils, il faut partir cela va être formidable, c'est pas mineur que tu seras, tu deviendras employé et tu montras en grade.

TADEUSZ KWIATKOWSKI déclare : " à force de toujours raconté la même histoire, qu'en
Pologne s'était un Gouvernement ouvrier, les gens ont fini par y croire. Ceux qui vont partir en Pologne vont avoir une belle vie, ils vont être libre, avoir une vie simple, qu'ils pourraient faire à leur guise, mais ce n'était pas comme ça ".

Les corons de France sont comme le drapeau polonais , rouge et blanc.
Les blancs c'est les catholiques, gardiens de la Pologne libre et indépendante vendue à YALTA .Le dimanche ils lisent le journal " NARODOWIEC " (le National), c'est ceux qui sont restés.
Les rouges vont au café pendant que les autres sont à l'église, ils lisent " La Tribune du Mineur " , le journal de la C.G.T. , les mieux intégrés finalement.
C'est ceux qui vont partir avec l'espoir d'offrir un avenir meilleur à leurs enfants. Jour après jour c'est un voisin, un copain de classe, un cousin qui soudain disparaît.

Suite à la propagande, et à ce qui en découla les Gouvernements Français et Polonais ont pris des arrangements.
C'est ainsi que le 20 février 1946 ils signent un accord pour le rapatriement de 7000 mineurs et ressortissants polonais, seule solution pour régler le départ sauvage des mineurs. Les autorités françaises s'engagent à prêter aide et assistance à l'Ambassade de Pologne pour le rapatriement des Polonais accompagnés de leur famille, étant entendu que toutes ces personnes seront volontaires pour le retour.
Ce rapatriement effectué en train, dans la plus part des cas dans des wagons à bestiaux.
On pouvait lire sur ces wagons l'inscription suivante WRACAMY DO POLSKI (on retourne en Pologne).

ALINE KWIATKOWSKA se rappelle du dernier jour passé en France : " ce fut un jour très triste, pleurer et toujours pleurer, en plus pour mes parents, un voulait rester en France et l'autre voulait retourner en Pologne ".

JAN NAWRAT se souvient également : " les premiers transports sont partis vers mai-juin-juillet 1946 de Lens, notre convoi était le dernier et partait de Douai tout en passant par le Nord-Pas de Calais. Je ne sais même plus combien il y avait de personnes. Le voyage à duré une semaine dans des wagons à bestiaux. On demandait mais ou on va, vers quelle destination ?
On répondait " na SLAKIE "(en Silésie).Mais ou Slaskie c'est vaste !
Quand on sortait des wagons les Polonais avaient toujours de la musique, accordéon, clarinette, quand on avait fait une petite pose, on dansait un peu, ce n'était pas une ambiance de gaieté , s'était quelque chose de momentané. Une fois remonté dans les wagons la même question nous revenait à l'esprit , mais ou va-ton ? "

HELENA NAWRAT-MACIEJEWSKI raconte " à cette époque j'avais 19 ans et je me posais la question si j'avais bien fait de partir, mon beau-père lui était content, car il rentrait chez lui et il disait " wszystko w porzadku ".
Ce qui m'a impressionné c'est quand nous sommes arrivés à ZABRZE tout le monde est descendu du train et nous fûmes accueillis par ces paroles :"N'oubliez pas, vous êtes arrivé en Silésie et les Silésiens sont des travailleurs et pas gourmands, si aujourd'hui vous allez manger le pain, avec la croûte et la mie, peut-être demain vous n'aurez plus que la croûte " alors nous on s'est regardé et on se demandait qu'est-ce que cela voulait dire.
On a débarqué à ZABRZE fin août , et le soir même on était chez nous comme ils disaient.
Une maison vide nous attendait, heureusement nous avions quelques meubles.
La plus grande surprise c'est quand on est rentré dans notre 2 pièces, j'ai entendu crier dans le couloir " Andzej vient ici, ne court pas dans les couloirs ".Il y avait déjà des rapatriés qui étaient installés , je me suis dis alors ça va on ne sera pas trop perdu, ils pourront nous informer, nous guider.

Les rapatriés de France arrivent dans un pays de cocagne dont on a changer le nom des villes le pays étant beau et dépeuplé, il y avait de jolies maisons blanche, vides, de grands champs vides et des mines prêtent à l'emploi. Les rapatriés ne devaient pas savoir que le gouvernement populaire, pour asseoir son autorité sur le pays, avait décider d'en changer les habitants.

La propagande de l'époque via les médiats déclarait : " Ces terres des siècles durant, ont servi l'impérialisme Allemand , il faut les poloniser, les exploiter et les nettoyer de l'élément Allemand. Deux ans après le début de la repolonisation les derniers Allemands quittaient note pays ".

HELENE ZYWIECKA nous dit : " quand on est arrivé on a été relogé tout de suite, on a reçu des meubles, le pays nous paraissait très beau à côté des terrils qu'on avait quitté. En arrivant là-bas tout était vert, s'était des petites montagnes, s'était magnifique, on était bien, et puis les allemands entretenaient bien leur pays, il faut dire ce qu'il est ".

HILDEGARDA PAJAK se souvient également : " nombre de Silésiens étaient partis avant l'arrivée des Soviétiques. Mais beaucoup étaient restés. On prenait leurs logements. Tous les hommes de 18 ans jusqu'à un certain âge devaient se déclarer à la mairie, et j'ai vu les queues d'attente, car je passais souvent par-là. On leur disait de prendre à manger pour la journée, enfin quelque chose dans ce style là, ensuite ils les ont déportés en Sibérie.
On ne la sut qu'après, ils ne savaient rien, et nous non plus. C'est après qu'on a su qu'ils avaient été déportés dans des camps de travail ".

JAN NAWRAT parle d'un souvenir assez fort en interpellant son épouse il dit : " tu te souviens tu étais avec maman et puis il y a eut cette vieille Silésienne qui a lancer ces paroles au boucher , monsieur le boucher , il ne faut rien vendre aux français, ils doivent crever.
Quand maman a entendu ce mot en allemand (KREPIEREN), elle s 'est raidie, et elle n'a rien dit et quand ça été son tour elle a demandé au boucher ce qu'avait voulu dire la grand mère… "

TADEUSZ KWIATKOWSKI dit : " avec les Silésiens nous étions bien, on était comme des amis, le pire c'était les gens qui venaient de l'Est de Przemysl , Lwow,Bialystok .A vrai dire , la vraie Pologne je ne la connaissais pas et je peux affirmer que les polonais qui sont venus ici étaient mal vu aussi ".

Quand les polonais de France voient arriver les gens de l'Est ils les appellent les " Ruskis ".
On leur avait dit que les rapatriés de l'Est étaient des gens comme eux qui fuyaient la misère et sortaient tout droit du moyen âge et qu'il fallait les éduquer.
Les français qui étaient venus par patriotisme reconstruire la Pologne ne comprirent pas pourquoi ceux de l'Est campaient sur les rails de gare et semblaient n'attendre qu'une chose, rentrer chez eux à leur époque féodale. Les polonais de France ne comprirent pas que ces rapatriés là , avaient été déplacés de force et que pour mettre fin à la guerre à l'Est on vidait les régions. Méthode qui depuis quelques années faisait ses preuves.
Les rapatriés de France ne devaient jamais savoir qu'avec les gens de l'Est ils allaient raté la meilleure occasion de découvrir la Pologne.

HILDEGARDA PAJAK nous raconte que : " les enseignants de Gliwice et de Sosnice venaient de l'Est, de Lwow et de ses environs. Je me souviens à une réunion pour les parents ou il y avait aussi des rapatriés français. Leurs enfants allaient aussi à l'école. Les enseignants ont commencé à tout critiquer et il y en a un qui a dit tout net : il fallait rester en Pologne, travailler pour reconstruire la Pologne et non pas émigrer pour avoir une vie meilleure. Maintenant vous nous critiquez, vous nous donnez des leçons. Nous avons vécu l'hitlérisme, le stalinisme et nous nous débrouillerons sans vos leçons ".

HELENA NAWRAT : " on se cherchait, même les autochtones étaient mal à l'aise aussi, c'était leur pays , c'est vrai. On avait l'impression qu'ils nous prenaient pour des envahisseurs, qu'on était venu prendre les maisons, la place et leur travail, personne ne comprenait personne, nous tournions en rond ".

CZESLAW MOTYKA parle de la fierté qu'avaient ses parents et lui-même parce qu'ils étaient revenus au pays. " Quand je me suis présenté à la mine, on m'a demandé mon âge, j'ai répondu 16 ans on m'a répondu: pas question d'aller à la mine tu vas à l'école. Ok j'ai dis , mais c'est parce qu'en France je travaillais en bas dans la fosse… "

Les polonais de Pologne et les rapatriés de France n'ont pas eut la même école, il n'ont pas eut la même histoire. En Pologne on disait : " La patrie c'est des champs et des cimetières. Les rapatriés avaient leurs cimetières dans les corons, et leurs champs s'appelaient des fosses.
Pour les polonais les champs étaient devenus des cimetières, et il y en avait tellement qu'ils se sont tu.
Et puis on a reconstruit la Pologne. A la télévision on passait de la propagande qui disait :
" Les Varsoviens se sont réunis en septembre pour reconstruire à la varsovienne et avec bonne humeur. Retraités, étudiants, ouvriers, employés participent.
Sur les ruines coule un irrésistible courrant de vie. Avec les varsoviens, il y a des sportifs, des ouvriers français, des rapatriés. Chacun met sa sueur pour la reconstruction d'une capitale neuve et belle ".

Les rapatriés sont partout, dans les syndicats, au parti, dans les mines, dans la milice.
Certains se battent contre des bandes de fascistes de la réaction comme on les appelle.
Le pays n'est pas sûr.
En 1946 les communistes en quête de légitimation répondent par un référendum sur la suppression du sénat, le partage des terres, l'acceptation des frontières de l'Ouest et l'industrialisation du pays. Le référendum est un succès, la Silésie le pays des rapatriés est la clef du vote, elle doit faire oublier la perte des territoires de l'Est et relancer l'économie du pays.
Pour de nombreux rapatriés se sera le premier vote de leur vie. L'aigle polonais allait perdre sa couronne.
C'est comme cela , que petit à petit Staline à mis la main sur la Pologne.
Ils pensaient bâtir une Pologne libre pour bien vivre mais le parti menait le peuple polonais et la Pologne vers le socialisme. Qu'est ce que s'était ? Une utopie peut-être ? Le peuple polonais ne savait pas ou il allait. A l'Assemblée Nationale on avait placé quelques ouvriers pour faire bonne figure , mais les vrais dirigeants étaient ceux de l'Est, les gens de Staline.

Dans certains journaux de l'époque on pouvait lire : En Pologne, naissent de nouveaux héros.
Des héros de la reconstruction. Le mineur Vincent Pstrowski qui a atteint 280% de la norme a appelé ses camarades à dépasser la norme. Battre son record n'est pas facile, mais les mineurs ont répondu à l'appel.
Le charbon, l'or noir : plus de charbon, c'est des devises, des machines. C'est relever le pays.
(rappelez-vous en France ils tenaient les mêmes propos à l'égard des mineurs. On ne refait pas l'histoire)


TADEUSZ KWIATKOWSKI : " les polonais de France ont relevé le défi, et ont fait mieux que Pstrowski, alors cela a été mal vu. Les gens nous ont reproché alors de casser la norme. Ce n'est pas pour le parti qu'on le faisait, mais pour gagner plus d'argent afin que nos familles soit mieux.
On reprochait aux expatriés d'être revenu. A vrai dire il y avait beaucoup de gens du régime communiste qui étaient venus et principalement les engagés militaires des bataillons " Rhin et Danube ". Il se sont engagé dans l'U.B. (police politique) ou dans l'armée, ces gens n'étaient pas aimés, ils étaient comme les Russes, et c'est peut-être pour cela que les rapatrié mineurs n'étaient pas bien vus.
Les polonais ne faisaient pas la différence entre ces militaires et les mineurs, car pour eux s'étaient des français (comme ils les appelaient) et il étaient considérer un peu comme des bourreaux ".

Les hommes de l'armée Rhin et Danube étaient venus en Pologne pour se battre et la Pologne avait besoin d'hommes de main sous les uniformes. Dès janvier 1946 le pouvoir polonais leur donne la possibilité d'exercer leur talent entre-autre dans l'U.B. Dans cette même police on liquide l'opposition. Ses dirigeants partent en exil ou sont emprisonnés.
S. MIKOLAJCZYK s'enfuit aux Etats-Unis et JANOWSKI le chef du parti socialiste est arrêté par l'U.B.Il sera torturé et rendu mourrant à sa famille.

JAN SKOWRON raconte : " il y avait beaucoup de rapatriés qui ont été engagés dans l'armée polonaise et dans les services spéciaux, dans les services de l'intérieur.
Pourquoi ? Parce que s'étaient des ouvriers, des types qui étaient comptés comme des gens de gauche.
Nous ne connaissions pas la situation réelle en Pologne. Ils faisaient de nous ce qu'ils voulaient. On réalisait certaines choses (je ne dis pas moi), mais certains de mes amis , selon les ordres que l'on recevaient et ce n'était pas toujours très populaire pour les polonais de Pologne ".

JOZEPH ZYWIECKI : " Une fois un gars est venu, le 2 janvier 1946. Il a demandé s'il y avait des gens qui savaient lire et écrire. Comme je savais un peu lire et écrire je me suis présenté et c'est comme cela qu'avec trois autres personnes nous avons été engagés.
C'était dans la milice, dans un service de bureau, un service d'identification (empreintes digitales) ".

En 1948 la France est paralysée par des grèves insurrectionnelles, les bassins miniers sont occupés par l'armée, mais les convois de rapatriés continuent de partir pour la Pologne.
Un cinquième arrangement est signé entre les deux gouvernements, afin d'organisé les départs de l'année en cour étant entendu que les personnes seront toujours " VOLONTAIRES " pour le retour. Mais en Pologne le ton change.
Le jour de la fête nationale des mineurs expulsés sont arrivés de France. A la frontière de MIEDZYLESIE les représentants politiques et syndicaux sont venus accueillir les arrivants.
Ce retour est symbolique. Les capitalistes français expulsent des mineurs qui ont aidé la France à vaincre la crise du charbon parce qu'ils ont solidarisés avec les grévistes français.

MOTYKA : " grève en France et grève en Pologne ce n'était pas la même chose, en Pologne si on faisait grève, ont faisait également connaissance avec la Sibérie.

En 1948 la Pologne peut bénéficier du plan MARSHALL , mais pour pouvoir en bénéficier il faut répondre à certaine condition : il faut présenter un plan de redressement économique.
Mais à l'Est on ne redresse pas, on dépasse les normes, les plans, la production. La Pologne refuse le plan, la France l'accepte et se sépare de ses ministres communistes.
Les deux pays se retrouvent à présent dans deux camps adverses et les rapatriés entre deux feux.
Alors selon toute bonne logique il faut trouver des coupables. Si l'économie ne fonctionne pas sans l'aide des nations unies, c'est que quelque part dans le monde agissent des saboteurs, des éléments réactionnaires vendu à l'Ouest. Certains rapatriés de France avaient la pré-disposition pour jouer ce rôle.
Le prétexte manquait, et ANDRE ROBINEAU un français, fils d'un conseiller de l'Ambassade de France eut le malheur de regarder passer les bateaux sur la Baltique (ce qui était interdit), il fut arrêter.
On le retrouve dans un procès truqué, inculpé d'être à la tête d'un vaste réseau d'espionnage tenu par les rapatriés.
Afin de toucher un plus large public, les autorités polonaise de l'époque avaient sorti une version en français du procès.
Résultats du procès, Robineau écope de 12 ans de prisons et ses comparses Druet 10 ans, Barkowski 15 ans, Rachtan 8 ans ,Pielaski la prison à perpétuité et le dernier la peine capitale.
En réaction à l'affaire Robineau la France procède à des expulsions. Les derniers trains venant de France pour l'année 1950, ont cette fois pour passagers des diplomates, des secrétaires d'ambassade, ainsi que les dirigeants de toutes les organisations polonaise favorable au gouvernement populaire.
Parmi eux les dirigeants de la jeunesse Grunwald qui avaient tant œuvré au rapatriement depuis 1945. Du jour au lendemain on ferme les universités de Varsovie, les instituts français de Wroclaw, Lodz et de Cracovie. Les français avaient cessés de bâtir la Pologne.

En 1953 avec la mort de Staline, des changements s'annonçaient. En Hongrie le premier ministre Nagy lance un processus de réforme démocratique, la Pologne suit de près l'exemple hongrois.
En 1956 le processus s'accélère, et le 28 juin la ville de Poznan est en état d'insurrection.
En octobre, les chars soviétiques se dirigent vers Varsovie.
A la veille de l'insurrection hongroise, GOMULKA (qui est l'homme fort de la Pologne à ce moment ) rencontre KHROUCHTCHEV et promet allégeance aux Russes et la liberté à son peuple. Les chars soviétique se dirigent vers Budapest et oublie Varsovie.

1956 discours de Gomulka :
" Camarades, citoyens, je vous accueille au nom du Comité Central du Parti Ouvrier Polonais
Au cours des dernières années la Pologne a connu beaucoup de maux, beaucoup d'injustices et de déceptions douloureuses. L'idéale du socialisme imprégné de l'esprit de liberté individuelle et du respect des droits des citoyens a été profondément corrompue dans la pratique.
Les mots n'ont pas trouvé d'écho dans la vie. Camarades, citoyens, je crois au plus profond de moi que ces années appartiennent sans retour au passé ".

C'était un jour d'octobre à Varsovie , il devait faire froid, mais dans tout les esprits s'était le premier dégel. Le premier secrétaire du parti Gomulka venait d'effacer d'un discours les dix premières années de socialisme en Pologne. Les dix années qui appartenaient aux rapatriés de France et d'ailleurs. Ceux qu'on avait fait venir pour être le rempart de la classe ouvrière étaient devenus des inutiles, et entre temps on les avaient appris à être étranger dans leur patrie.
Désormais le parti comme le peuple Polonais s'engageaient sur une nouvelle voie.
Profitant du dégel quelques rapatriés purent rentré en France. Après 10 ans, 15 ans, la tête basse, car en France tout avait changé. Eux aussi allaient devoir tout recommencer.

Merci pour leurs témoignages à :
Czeslaw Motyka.
Tadeusz et Aline Kwiatkowski
Jan et Helena Nawrat Maciejewski
Joseph et Helene Zywiecki
Jozef et Hildegarda Pajak


Remarques personnelles : " après avoir vu l'émission télévisée et surtout en écrivant ces quelques lignes, je n'ai pas cessé de pensé à tous ces rapatriés, à ce qu'ils ont pu vivre là-bas dans le pays de leur cœur qui a fini par les mépriser. Des histoires de mineurs mon beau-père Roman Stasiak m'en a raconté, il était mineur de fond en Belgique au Bois du Cazier à Marcinelle(triste souvenir pour les mineurs , le 8 août 1956, un incendie se déclarait à l'étage -975, deux cent soixante deux mineurs perdirent la vie). A chaque fois que mon beua-père évoquait ses souvenirs, j'étais en admiration devant ces gueules noires. Qu'ils soient mineurs Polonais, Français, Belges, Portugais….n'oublions jamais ce qu'ils ont vécus. Et je puis vous assurer que c'est avec la gorge serrée que je termine cet article. Je suis Belge et marié à une " Polonia " depuis bientôt vingt deux ans. J'ai découvert la Pologne pour la première fois en 1995 et chaque année depuis lors je passe mes vacances là-bas. Je ne regrette qu'une chose c'est de ne pas avoir connu ce pays plus tôt.
Descendants de Polonais de France, de Belgique et d'ailleurs, vous les Polonias si vous n'avez encore jamais fouler la terre de vos aïeux, il est grand temps de faire un retour aux sources et quand vous reviendrez vous ne serez plus les mêmes, vous pouvez me croie ".

Marc Toussaint Seraing Belgique
marek@beskid.com



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