Nous
continuons notre cycle de découvertes des artistes polonais
de l’époque de la Jeune Pologne. Il est temps de
présenter une grande dame de la peinture polonaise Olga
Boznanska. Elle est formée dans les ateliers de Jozef Siedlecki,
Hipolit Lipinski, Kazimierz Pochwalski et ensuite elle continue
ses études à Munich. Là-bas Boznanska remporte
ses premiers succès artistiques qui annoncent le début
d’une grande carrière. Elle est récompensée
par de nombreux prix, médailles et distinctions. En 1898
elle s’installe définitivement à Paris. La
même année elle devient membre de l’Association
des Artistes Polonais « Sztuka ». A partir de 1901
elle fait partie de la Société Nationale des Beaux
Arts. Boznanska navigue parfaitement entre deux cultures et deux
pays. Pour son œuvre elle reçoit la Légion
d’Honneur en 1910, et en 1938 la plus grande distinction
polonaise, la Polonia Restituta.
Boznanska est considérée avant tout comme portraitiste.
Son œuvre est fondée sur une connaissance parfaite
des sujets qu’elle peint. A partir de ses premières
œuvres l’artiste tente à révéler
des aspects psychologiques des femmes. Ses modèles plutôt
tristes, bien habillés présentés sur le fond
sombre font ressortir habilement leur féminité.
De
l’époque de ses études date le tableau «
Fleuristes » (1889) inspiré par l’art japonais
très à la mode à la fin du
siècle.
Boznanska présente avec beaucoup de charme trois petites
filles en train de préparer des compositions florales.
Les influences de cet art se manifestent dans la délicatesse
du dessin, la coiffure des filles, le pot de fleurs et d’autres
éléments justement accentués. Une autre œuvre
résultant de la fascination de l’art japonais est
intitulée « Autoportrait au parasol japonais »
(1892). Boznanska applique des couleurs subtiles et met en valeur
la silhouette de femme assise sur le parapet d’une fenêtre
ouverte. L’originalité de son œuvre se situe
dans la pose du modèle et la peinture en contre jour.
Une autre scène, pas banale dans sa conception, provient
de l’époque de son séjour à Munich,
et porte le titre « Imieniny babuni ». Une petite
fille offre à sa grand-mère un bouquet de fleurs
à l’occasion de sa fête. Boznanska utilise
une gamme de couleurs délicates, le vert et le blanc posés
d’une manière généreuse et épaisse
qui donnent l’impression de vibration et
rendent
la tristesse de l’enfant encore plus flagrante. De son chef
d’œuvre intitulé «Petite fille avec les
chrysanthèmes » (1894) émane le sentiment
de tristesse et du sérieux de la fille. Elle enrichit sa
palette de couleurs de gris argent subtil. Le climat de ce portrait
est très proche de celui des poèmes de Maurice Maeterlinck,
que l’artiste appréciait tellement. L’un des
critiques d’art dans la « Gazette des Beaux Arts »
remarque que Boznanska a crée un idéal moderne de
Maeterlinck. Dès son arrivée à Paris l’artiste
continue à peindre des modèles nostalgiques, pâles
toujours dans la tonalité triste et terne.
Boznanska peint également des paysages, des vues de son
atelier, des natures mortes. Elle aime transposer sur la toile
des fleurs, surtout dans des vases ou des pots. Toutefois, ces
sujets restent à la marge de l’univers de sentiments
que l’artiste accueille sur ses toiles.
Elle réside jusqu’à la fin de ses jours à
Paris, mais elle garde le contact permanent avec Cracovie. Actuellement
elle est la plus célèbre et la plus appréciée
des amateurs d’art en Pologne.
Aleksandra
avec l'aide précieuse de
Kat