Ils participent
à l’Exposition Universelle de1889 et visitent la
rétrospective d’Edouard Manet. Ils sont, bien entendu,
plein d’admiration pour ses œuvres et notamment pour
« Olympia » et « Déjeuner sur l’herbe
». En continuant leur aventure artistique ils visitent la
Galerie Goupil du Boulevard Montparnasse, où ils découvrent
les tableaux de Paul Cézanne et de Claude Monet . Chez
Volpini, nos artistes visitent l’exposition intitulée
« les impressionnistes et les synthètistes »
regroupant des œuvres de Paul Gauguin et Émile Bernard
– l’exposition qui est une forme de manifeste contre
le Salon officiel. Par contre, dans la Galerie Georges Petit,
nos artistes sont séduits par la beauté des œuvres
d’Auguste Rodin et Claude Monet.
De retour
en Pologne, Podkowinski et Pankiewicz, mettent en application
leurs premières expériences impressionnistes.
Wladyslaw Podkowinski s’installe à Varsovie, mais
son itinéraire pictural passe principalement par les domaines
de ses amis. Pendant ses courts séjours chez les uns et
chez les autres il s’adonne à la peinture. Son atelier
c’est la nature, il y pose son chevalet et il peint. En
1892, durant son passage chez Julian Maszynski à Mokra
Wies, l’artiste peint un paysage « Chlopiec nad stawem
» (Garçon au bord de l’étang). Il y
déploie sa palette de teintes et transcrit sur la toile
les effets de lumière sur la surface de l’étang.
Il poursuit son travail en plein air, ainsi que ses recherches
dans le domaine de la lumière qui se concrétisent
par une série de paysages ensoleillés. On y trouve
des motifs des jardins, des champs ou des ruisseaux vibrant des
couleurs vert, jaune et violet. La toile « Lubin w sloncu
» (Lupin au soleil) récapitule son expérience
impressionniste. Le champ des lupins et l’étang se
fondent dans la lumière. La composition est faite des couleurs
claires presque pastelles posées hâtivement en touches
épaisses. L’artiste peint dans les mêmes tons
le tableau « Pole koniczyny » (champ de trèfles).
C’est
durant son séjour à Chrzesne en 1892 que Podkowinski
peint une scène de la vie quotidienne, un grand jardin
ensoleillé où les enfants arrosent les fleurs «
Dzieci w ogrodzie » (les enfants dans un jardins).
Il
s’agit ici de Tadeusz et Mieczyslaw Kotarbinscy (Kotarbinski),
les enfants d’un ami de l’artiste, Milosz Kotarbinski.
Podkowinski aborde ce travail à l’huile en appliquant
avec enthousiasme la technique de « pointillisme ».
Il fait des touches de couleurs différentes où le
vert,
rouge,
noir et jaune dominent, le mélange se fait dans l’œil
du spectateur. Podkowinski porte également l’attention
sur l’étude du nu. Celle de 1892, « Konwalia
» (Muguet), représente une jeune femme debout sur
fond d’un mur. En posant les taches d’épaisseur
différente de couleurs jaune, vert, rouge son pinceau immortalise
sur toile ses émotions. Son talent de portraitiste s’illustre
dans « Dziewczynka w kapeluszu » (fillette au chapeau)
et « Dziewczynka z obrecza » (fillette au cerceau)
(1894), portrait d’une petite fille en robe blanche en dentelles,
avec une cocarde rouge, représentée sur un fond
noir, fait ressortir sa tristesse et sa solitude.
En 1892,
Podkowinski, tout en restant dans la convention des impressionnistes,
peint des œuvres en série
sur
des motifs de la vie urbaine. Épris par ce nouveau sujet,
l’artiste peint des vues de la rue Nowy Swiat de son atelier
à Varsovie. Son regard survole les toits des maisons et
se pose sur l’église Ste Croix qui termine cette
rue animée. En gardant le même angle de vue il peint
la rue sous les lumières différentes et montre les
effets des saisons. Il en résultent deux aquarelles représentant
cette vue un jour d’hiver et une version à l’huile
qui montre la même rue un jour d’été.
Cet admirateur de la vie urbaine observe des citadins et la circulation
dans la rue en plein été et grâce aux contrastes
des couleurs chaudes et froides, le jeu entre la lumière
et l’ombre, restitue la chaleur atmosphérique du
lieu.
En automne 1890 Podkowinski expose ses tableaux au salon varsovien
Krywulta. Ses œuvres ne s’attirent pas la sympathie
des critiques d’art. La critique de Cezar Jellenta, personnage
très influent dans le milieu, se montre particulièrement
féroce.
Les
critiques défavorables et l’amour tragique et sans
espoir pour l’épouse de l’un de ses amis marquent
un tournant dans son oeuvre. Il fait des compositions symboliques
- fantastiques dans les tons sombres. En 1892, il crée
« Taniec szkieletow » (danse des squelettes), un an
plus tard « Ironia » (Ironie) et de nombreux croquis
pour le tableau « Szal » (la folie) qui verra sa version
finale en 1894. Ce tableau représente une scène
démoniaque : un cheval fou incarnant le désir aveugle,
une soumissions aux impulsions, emportant une femme dans un gouffre.
Le tableau « Szal uniesien » (extase) présenté
le 16 mars 1894 à l’exposition à Zacheta provoque
un scandale dans le milieu artistique. Toutefois, il est devenu
en même temps, d’après les propos de Kazimierz
Przerwa-Tetmajer, pour la jeune génération d’artistes,
un manifeste du symbolisme. Podkowinski dans une crise de folie
détruit ce tableau qui abîmé, devient propriété
du collectionneur Feliks Jasienski et ensuite du Musée
Nationale de Cracovie.
« Marsz zalobny Chopena » (Marche funèbre de
Chopin) inspiré du poème de Kornel Ujejski «
Marsz pogrzebowy » du cycle « Tlumaczenie Szopena
» fut le dernier tableau de Wladyslaw Podkowinski et acheva
sa tragédie personnelle.
Aleksandra
avec l'aide précieuse de
Kat