Le moulin est un bâtiment de 1914, construit par la famille
Kowalskich. Sur cette petite élévation de terre
avait déjà existé un édifice du même
genre.
Différents documents se trouvant au musée d'Ozarow
en témoignent. L'un d'eux, un acte notarié de 1911,
désigne Roman Kowalski comme locataire à perpétuité
de l'emplacement.
Le moulin continua ainsi à moudre du grain sous l'occupation
nazie, ce dont témoigne un cahier d'activité datant
de 1940.
Après 1945, en République populaire, Henri, le
fils de Roman, reprit l'affaire qui resta un bien privé,
faisant l'effet d'un grain de sel dans l'il de l'autorité
communiste. Celle-ci provoqua nombre de difficultés et
rendit la vie difficile à la famille Kowalskich.
En 1959, le meunier dut cesser son activité à partir
du moment où les communistes interdirent les entreprises
privées et où un moulin appartenant à l'Etat
fut construit à proximité de ce moulin. Ce deuxième
moulin ne fonctionne plus aujourd'hui non plus.
En 1960, sur décision du Présidium de Lodz, l'arrêt
de l'établissement fut ordonné. Henri fut donc le
dernier meunier d'Ozarow.
Dès lors, le moulin servit d'entrepôt. Puis, peu
à peu, il dépérit.
On lui décrocha d'abord les ailes. Le toit perdit ensuite
de son étanchéité. Enfin, le plancher et
les murs tombèrent peu à peu.
Cette longue agonie dura jusqu'en 1996. L'édifice était
alors devenu une ruine. Ce témoin du passé était
condamné à disparaître.
C'est alors qu'à l'initiative de l'"Association des
Amis du moulin d'Ozarow", il a été décidé
de sauver l'ouvrage, l'un des très rares survivants de
la région.
Ainsi depuis cette date, on procède petit à petit
à la reconstruction sous l'impulsion de monsieur Witkowski,
le président de l'association du moulin.
Le moulin
Le moulin était une grande bâtisse en bois, principalement
en chêne.
La farine produite était de très bonne qualité
car le blé était systématiquement trié
avant d'être moulu. Les sacs de blé étaient
hissés à l'intérieur du moulin, en utilisant
la force des ailes du moulin. Il fallait une grande adresse de
la part du meunier pour cette manutention.
Le moulin était très moderne et la production de
la farine était en quelque sorte "automatisée".
Le meunier devait juste en assurer la surveillance régulière.
Celui-ci pouvait freiner la roue entraînant les meules grâce
à un grand frein qu'il pouvait activer facilement en tirant
sur une corde. Il était en particulier nécessaire
de ralentir le moulin quand il existait un risque d'échauffement
des pièces (lié au frottement) et donc d'incendie.
Les meules, qui ne sont pas encore montées aujourd'hui
sont en pierre très fine et viennent de Champagne (en France),
elles pèsent environ une tonne chacune. Les pierres étaient
de très belle qualité. Elles permettaient de moudre
de manière très fine et ne laissaient pas de sable,
ce qui expliquait la très belle qualité de la production.
Les meules étaient nettoyées une à deux
fois par an par des personnes dont c'était le métier
et qui parcouraient la campagne allant de moulin en moulin. Leurs
mains très abîmées témoignaient de
leur métier.
- La tradition de charité du meunier :
Une ouverture dans le réceptacle de la farine permettait
de vérifier la qualité de la farine. N'importe quelle
personne pauvre avait la possibilité de plonger la main
dans cette ouverture et de prendre toute la farine que sa main
pouvait contenir. Il arrivait que certaines personnes relèvent
leur manche et plongent aussi l'avant-bras. Une fois au retour
à son domicile, le pauvre vidait sa main et secouait soigneusement
son bras pour en faire tomber la farine. Il y avait parfois de
quoi faire un repas à une famille entière.